Naissance de Mira 14 mai 2016

Le vendredi matin, je sens quelques contractions et la sensation de mon col qui « travail ». Je suis contente et un peu excité mais je ne m'emballe pas, car cette semaine j'ai déjà eu plusieurs amorces de travail qui on finis par s’arrêter.

Je fais mon yoga du matin, une fois que les filles sont parties à l'école, puis je décide d'aller me balader. Il tombe une pluie fine, tout est d'un vert intense et lumineux, il y a des fleurs partout, la rivière coule à flot. Tout respire la terre, l'humide, que c'est beau ! Je déguste les odeurs et la lumière, je « sens » la terre surtout, les flaques, , la boue, les pierres du chemin. Je me sens « dans » la terre, complètement. Ça me fait des frissons au cœur, c'est dur à décrire, les mots rendent les sensations un peu plates, je ne suis pas assez poète ! Bref, même un tas de caillou me fait un effet incroyable… je suis caillou, je suis terre. Sur le chemin de retour, je fais des va et vient entre cet état de sensibilité intense et mes pensées. Dans un temps de recul j'observe à quel point quand je pense je suis totalement coupé de cet état de reliance magnifique. L'opposition entre ces deux états ne m'a jamais paru si grand.

Me voilà de retour à la maison, c'est l'heure d'aller chercher Siane à l'école pour la pause repas. Thibaut me demande comment je me sens, si c'est ok pour moi de prendre Siane à midi. Mais les contractions sont toujours assez douces et espacés donc je me dis que la vie continue tranquille, faisons comme prévu.

Nous mangeons tous les 3 et Thibaut part au travail. Je dessine ensuite pendant une demi-heure avec ma fille ; Elle des princesses et moi des têtes de bébé, des cols qui s'ouvrent avec des fleurs autour. Je sens que ça travail dans mon ventre, mais pour l'instant tout en douceur. Grand moment de calme avec ma Siane. Puis je l’emmène à l 'école.

Au retour, je me sens fatiguée, mes sensations s’intensifient, mais les contractions sont toujours aussi espacées. Je ne peux m’empêcher de comparer avec mes autres accouchements qui ont été rapides et rapidement dans l'intensité. Je n'ai pas les mêmes repères que d'habitude et quelque part, ça me dérange. Je décide d'aller faire une sieste, en me disant que si ça arrive cette nuit, autant dormir un peu maintenant.

Je dors bien et au réveil, toujours pas d'accélération de rythme. Je me sens perdue, un peu énervée, impatiente, comme entre eaux. C'est tellement doux et lent que je me demande si c'est un « vrai travail ». J'ai la sensation d'être prête, dans les starting-blocks, mais pas sûr que la course va vraiment commencer. Je sais qu'il faut que je lâche mais je n'y arrive pas pour l'instant.

Je range toute la maison, me fait un gros goûter et repars marcher un long moment. Là encore je me nourris de la nature, je n'ai pas envie de revenir, je voudrais m'y blottir et rester là au creux des arbres. Mais je dois aller chercher mes filles à l'école.

En rentrant je leurs explique que peut être ce soir elles dormiront chez leur tata Lucie, car le bébé risque d'arrivé bientôt. Je ne me sens pas très disponible à elles, après la lecture de quelques histoires et le récit de la journée de chacune, je leurs met un dessin animé et pars me glisser dans un bain. Thibaut arrive, il gère le repas, le coucher, pendant que je barbote.

Après ça, nous sommes un peu penauds. Rien ne s'accélère, accouchement ou pas ? Quelque chose travail en moi, indubitablement mais c'est tellement lent et doux que j'ai du mal à reconnaître un début d'accouchement.

On se met à regarder un vieux film qu'on adore, moi su mon ballon, mon tibo sur le canapé. Pendant le film les contractions se rapproche un peu, Joie ! On arrête le film. Tibo appel Lucie qui passe prendre les filles. Ça y est on sent que c'est là pour de vrai. Moi j’attends les contractions comme le Messie, comme les vagues de l'océan quand on joue à plonger dedans… L'attente entre 2 contractions me paraît longue et dès qu’une contraction arrive je suis ravie et rassurée, je plonge dedans avec délice. Chaque contraction me rapproche un peu plus de mon bébé et me laisse trempée et heureuse sur le sable.

On décide d'aller se coucher un peu, car même si les contractons se rapprochent, ça reste encore assez doux. Je passe par une phase de déprime, je pleure, me dis que c'est trop long, que ça n'arrivera jamais, que je n’arrive pas à rentrer dedans. Mon Tibo me câline et je sens que quelque chose lâche en moi, alors je pleure et je laisse faire. Tibo s'endort et moi je somnole, avec toujours cette impression d'attendre les contractions comme des grandes vagues qui m'amène toujours un peu plus vers mon enfant. Peut-être qu'a force de les attendre, de les souhaiter si fort, dans mon demi sommeil, je ne me rends pas compte que le travail s'intensifie. Toujours en somnolant je dois maintenant me mettre à 4 pattes à chaque contraction, avec les mouvements du 8 de l'infini qui s'installe naturellement dans mon bassin. Il est 4 heures du matin. Je réveil tibo et on se dit que là enfin : ça y est te voilà bébé ! Alléluia, youpi tralala ! Nous voilà tout excité !

Je me met dans un bain et mon homme installe la chambre, draps, bougies, musiques douces.. etc

Après le bain, j'ai envie de mouvement. On part se balader dans la nuit, ou plutôt l'aube, les oiseaux chantent déjà. Nous marchons en silence. Encore cette reliance particulière aux pierres, à la boue, à la terre. Chaque son des cailloux sous mes pieds et d'une intensité vibrante.

Et les contractions sont cette fois bien forte ! Je dois m’arrêter, respirer à chaque contraction. Mais c'est la première fois que j'ai autant de plaisir à vivre les contractions. Malgré la « douleur » ou plutôt l'intensité, j'ai presque du plaisir à sentir cette force qui me prends et me serre. Après quelques centaines de mètre, on fait demi-tour, parce que je commence à devoir m'agripper à Tibo à chaque contraction, et les sons arrivent aussi … J'ai envie de m'asseoir sur mon ballon et d'ouvrir.

Au retour, je m'installe sur le ballon, il est 5h 30. Tibo me masse le bas du os et je fais des sons à chaque contraction.

Cette fois ça y est c'est intense ! Mais les pauses entre les contractions me permettent encore de bien récupérer. Je ne me sens pas en « transe », mais bien là, sur mes deux pieds, consciente de tout ce qui se passe dans mon corps, tout s'ouvre, et cette force qui fait descendre mon bébé. A un moment je dis à tibo d'appeler Sybille, la sage-femme, car c'est sûr j'accouche ! Mais comme je suis encore bien consciente entre chaque contraction, que je peux parler avec Tibo sans problème, j'ai la sensation qu'il reste encore pas mal de temps avant la fin. Il est 6h.

Je demande ensuite à Tibo d'aller me chercher une bouillotte car j'ai envie de chaleur sur mon dos. A ce moment-là j'ai comme une envie de pousser mais j'interprète ça comme une envie de faire caca, comme je ne me sens pas du tout encore proche de la délivrance. Je m’accroupis donc au-dessus de ma bassine. Puis je pousse et là j'entends Tibo qui revient et qui se met à crier « Mais ce n’est pas, ce n’est pas, mais… c'est… c'est bébé !!! ». Il lâche la bouillotte, enlève la bassine, place un coussin entre mes pieds. Je pousse une fois, la tête est dans ses mains, la poche explose en même temps. Il me dit de me relever un peu. Je repousse le sol avec mes pieds, pousse une seconde fois avec cette force infini et indescriptible et … notre bébé est là. Nous voilà tous les 3 ahuris autant les uns que les autres ! Il est 6h20.

On se traîne jusqu'au lit et là, et là… c'est l'inondation d'amour pur. Mira trouve le sein

en 2 minutes et y restera 1h. Puis 1/4 d'heure après Sybille arrive, elle entre en souriant et en disant : « je m'en doutais, bande de coquin ! ».

Ça alors quel accouchement, si long et doux au début, si rapide et intense à la fin.

Cette fois, je ne suis pas partie en « transe », je suis restée tout le long, parfaitement consciente de tout, très proche de mes sensations. J'ai eu plaisir à sentir finement tout ce qui me traverser. J'ai la sensation que pour mes deux premiers accouchements j'étais partis très haut et que là, je suis restée là en accompagnant la descente, beaucoup plus en lien avec la terre, avec la matière. Comme quoi, chaque enfant nous amène un cadeau qui lui est propre, au moment de sa naissance. Ma Mira m'a amenée à la terre je crois.