Je ne serai pas au cours de jeudi, ce sera le jour ou je quitterai la maternité avec un très joli petit garçon,
Ariel est né pour notre plus grand bonheur. J'ai tellement lu de récits d'accouchement ces derniers mois sur le site que je suis très très heureuse de vous conter le mien.
Mon accouchement a été magnifique, je n'aurai jamais pensé qu'il serait ainsi.
Le terme était prévu pour le 14 mars. Dans la journée du 7, par un beau samedi ensoleille nous étions allés marcher un peu en montagne puis en ville. J'etais vraiment très fatiguée et je me suis reposée dans l'après-midi avec une grosse sieste (quelle excellente idée j'ai eu).
J'ai eu l'impression toute la journée de perdre un peu de liquide, en tout cas d'avoir encore plus souvent que d'habitude envie d'aller aux toilettes. Je crois que j'avais rompu la poche des eaux dès l'après-midi mais ne m'en suis pas rendue compte.
Le soir on est allé au resto avec des copains et en rentrant vers 22h j'étais de mauvaise humeur : j'en avais marre des aliments interdits, de ne pas pouvoir mettre mes chaussures, maintenant en plus de ne plus retenir ma vessie et de devenir incontinente, bref...
Avec le recul je me rends compte que tout cela annonçait le début du travail...
Je me couche tard et me réveille une heure plus tard, a 2h30 en me disant que quelque chose ne va pas, que ça "coulait". Je vais aux toilettes, effectivement "ça" coule, un peu, légèrement. En moi je pense "ok c'est parti. Mince, il va falloir faire venir ces contractions maintenant sinon je vais être déclenchée " (Je craignais cela, d'être déclenchée) et en même temps je suis très sereine. Je me prépare tranquillement, appelle la mat pour être sûre que je dois bien venir et que je ne peux pas continuer ma nuit comme j'en aurai envie. Je réveille le papa a 3h, on se fait un petit dej tranquillement et on décide de partir a pied.
Je n'ai aucune contraction, en tout cas pas douloureuses.
Depuis le quatrième mois j'ai des contractions non douloureuses qui m'ont fait craindre longtemps un accouchement en avance (absolument pas finalement) et qui sur la fin de grossesse semblaient ne servir a rien, (la suite vous prouvera que non...)
On part, on est serein, ce sont les grandes eaux qui coulent gentiment dans mon pantalon désormais, plus de doute.
En arrivant on est accueilli et première bonne nouvelle je suis dilatée à deux doigts (incroyable)
Le monitoring montre des contractions que je ne sens pas (celles que je connais, le ventre se tend mais pas de douleurs fortes) jusqu'à la dernière que je sens bien passer. Super le travail commence tout seul. Mais comme c'est un premier bébé, on se doute bien que cela va mettre du temps ! Je dis à la sage-femme que dans l'idéal on aimerait essayer le travail sans péridurale, si c'est possible pour le bébé. Avec le recul je réalise qu’elle a bien fait part de notre souhait a la sagefemme qui a pris le relais a 7h, toute l'équipe de la clinique mutualiste a été au top.
La sage-femme nous donne notre chambre et nous conseille de nous reposer et de revenir en salle de naissance lorsque les contractions ne seront plus gérables. Elle nous explique que je serai déclenchée au plus tard le lendemain a vingt heures, si le travail n'est pas assez rapide.
Il est 5h30.
..
Le papa s'endort sur le canapé
Moi je me mets au lit.
Dix minutes plus tard je ne peux plus y rester, l'intensité des contractions me surprend. Heureusement, j'avais pensé à demander un ballon et je m'assois dessus, je ne crois pas se j'aurai pu tenir debout.
Le papa dort tranquillement, moi je sens les premières vagues et suis vraiment surprise par leur force. Elles viennent toutes les cinq minutes, puis rapidement toutes les quatre minutes puis trois puis deux minutes... Je danse l'infini, mets de la musique (j'avais préparé une play liste douce, belle musique africaine et reggae) et tente la respiration de la vague : quel étonnement!! Je n'arriverai pas du tout à m'en servir de tout l’accouchement !! Moi qui l’avais tellement pratiquée à la maison ou au cours, la, l'expiration me soulage effectivement mais l'inspiration est terrible, elle me donne l'impression de faire remonter la douleur,
Je gère comme je peux. Je vais prendre une douche, l'eau chaude me fait du bien.
Je réveille le papa, on décide de partir en salle de travail. Le trajet est intense, j'ai du mal a marcher pendant la contraction. Je me dis que je n'ai pas tenu très longtemps dans ma chambre.
La salle nature est libre !! Toutes mes pensées se dirigent vers cette baignoire dont j'ai RÉVE tous ces derniers mois (nous n'avons qu'une douche a la maison)
Je pense : pas de respiration de la vague mais un bain, voilà qui va m'aider.
Il est 7h30, les sages-femmes ont tourné.
Déception en arrivant dans la salle nature. La sage-femme qui nous accueille, Muriel, me dit qu'il n'y a pas d'eau, qu'elle ne fonctionne pas, et il n'y a pas de douche. Mais elle connaît mon nom et sait que mon projet est de tenter d'accoucher naturellement. Ce lien fait entre les équipes me rassure, me met en confiance.
C'est amusant après coup, mais pas de bain et pas de vagues, je suis un peu perdue et la confiance en moi en prend un coup. Et immédiatement les contractions deviennent plus difficiles à gérer.
Je me mets à quatre pattes, instinctivement, (alors que j'ai beaucoup de mal à tenir cette position normalement, c'est fou). J'appuie tout le haut de mon corps sur le ballon, position que je ne quitterai plus pendant des heures.
Heureusement avec sylvain, on trouve notre recette magique : cette position et des points d'acupression (appris pendant la préparation avec ma sage-femme. Pendant la contraction et faits par le papa, Certains points sont abandonnés très vite. Finalement c'est un point dans le dos que le papa va utiliser pour me faire mal et je vous jure cela aide beaucoup.
Je me concentre sur le moment présent, interdiction de se projeter, je me concentre sur la détente. Je pense a mon bébé.
Mais l'intensité est forte ! Et pas de baignoire pas de respiration de la vague je panique en pensant aux heures de travail (tout ce qu'il ne faut pas faire n'est-ce pas martine ?) et demande au papa d'aller chercher Muriel et la péridurale.
Il m'avoua après (il est vraiment super ce papa) lui avoir dit "je ne pense pas qu'elle la veuille vraiment mais elle a besoin d'accompagnement"
Muriel revient
Et la commence un travail d'équipe, quelque chose d'incroyable. Elle nous dit qu'il faut que nous trouvions un rituel pendant la contraction : on continue ce qui marche : moi couchée sur le ballon en avant, les mains du papa sur le sacrum ou dans le dos, et des "om" de plus en plus forts qui ne me lâcheront plus. Au début le papa les fait avec moi mais je me rends compte que ça me déconcentre. Alors il s'en sert jute comme signal du début de la contraction pour être là, présent.
On est là tous les trois, avec mon bébé. Muriel m'encourage, m'accompagne. Je sais que l'on discute entre deux contractions, elle me pose des questions j'y réponds cela me change les idées. Le papa me dira après coup que même si elle s'intéressait a mes réponses tout cela n'était que stratégie. Moi je n'en ai rien vu. Puis, de plus en plus je ferme les yeux tout le long, me concentre dans mon monde
Les contractions sont intenses douloureuses mais tout cela est gérable : je reste dans le moment présent, pense très fort a la prochaine détente, et uniquement a elle. A chaque fois que je me suis projetée dans le temps le travail a été plus difficile. Muriel me le rappelle. Sylvain m'aide dans les sons. Je deviens de plus en plus déconnectée d'eux.
De temps en temps je pense : mon dieu si cela dure des heures cela va être dur.
Rappelez-vous ! A 5h j'étais dilatée a deux, a 9h Muriel me repropose de faire le point : dilatation a 7!!!! Je comprends mieux cette intensité et pourquoi j'ai été surprise par elle !!
Cela me redonne du courage.
La sage-femme me dit qu'à midi nous serons trois, vous imaginez ?
Et la commence la deuxième partie de l'accouchement, beaucoup beaucoup plus difficile pour moi.
J'avais beaucoup travaillé à la maison mon bassin, travaille l'ouverture, tenter de visualiser.
Je n'avais pas imaginé que la descente était aussi longue. Pour moi, dès que le col était ouvert le bébé glissait dans ce tunnel comme dans un toboggan!!! Et bien ... Pas du tout...
Il aura fallu encore quatre heures de contractions et de poussée. On tente les espaliers, je tremble je suis fatiguée.
La vraiment je dois ce merveilleux accouchement, cette force de l'accouchement gère sans péridurale grâce au papa et à Muriel. Bien sûr c'est moi qui vit l'instant, mais ils restent présents, je fais mes om toute seule mais je sens leur présence près de moi a chaque contraction. Ils ne m'ont jamais repropose de péri (qu'à ce moment j'aurai accepté, avec une césarienne en ag, n'importe quoi pour que l'intensité s'arrête)
J'ai eu une dose de dérive de morphine, j'ai adoré, j'ai pu souffler pendant quelques contractions. J'étais toujours couchée sur mon ballon mes ooooommmm étaient de plus en plus forts.
Pour faire descendre le bébé Muriel me propose de me pendre aux espaliers.
C'est dur, je commence à pousser vers le bas pendant les contractions
Pour moi la délivrance est proche, je me trompe et cela me fatigue. Je me fatigue. Je perds confiance mais je continue. Je tourne mes pensées vers le bas et je donne tout. Je parle au bébé à haute voix, je l'encourage.
Pendant deux heures on continue comme ça. Quelqu'un (?? Une sage-femme probablement) me fait de l'acupuncture qui est censée aider le bébé a descendre. Cela marche probablement mais j'ai seulement un souvenir flou d'avoir des aiguilles partout, je me les enfonce et les tords quand je change de positions a cause de la fatigue.
On part en salle d'accouchement
Je n'y crois plus (c'est fou ce manque de foi en moi, en fait tout se passait très bien et tout était normal, je ne comprenais pas pourquoi ce petit bolide du début prenait tellement son temps)
Les deux heures de poussée ont été... Très très longues.
Le bébé faisait le yoyo et je voyais aux trois personnes présentes que même si je poussais correctement cela n'était pas assez efficace. Puis il a eu la tête du mauvais côté et Muriel l'a déplacé. C'était dur. Vraiment dur.
Le bébé est finalement sorti, juste avant treize heures
C'est dur de décrire tout ça. C'est un garçon !!! Il m'étonne par sa perfection, il tête (il tête !!!)
Pendant que Muriel s'occupe de moi, du placenta (et de la déchirure :-) ) je me souviens qu'elle me pose plein de questions sur la préparation yoga. Elle me dit que les femmes qui suivent cette préparation, la tienne, sont les mieux préparées, qu'elle est impressionnée par notre capacité à gérer la douleur sans se laisser envahir par elle.
Elle me dit aussi qu'elle a senti dès le départ que je pouvais y arriver, qu'on pouvait y arriver, que cela se sentait, alors que moi j'ai vraiment doute de moi.
Cela m'a émerveillé. D'avoir réussi. D'avoir eu ce premier accouchement magique, sans péridurale,
Comme vous l'avez compris, j'ai eu beaucoup de chance, que le futur papa assure aussi sereinement, que la sage-femme soit cette perle, et que mon si beau bébé y ait cru, et ai fait le chemin si vite au début. Sans eux je n'y serai probablement pas arrive de la même façon.
Et puis le yoga. Tu ne peux pas savoir Martine a quel point tes cours ont changé tout ce que j'imaginais sur la grossesse, puis sur la maternité. Sans toi non plus rien n'aurait été possible.
Je suis persuadée intimement que le bébé est venu si vite grâce au travail de visualisation, au lâcher prise, a la confiance, a la gestion de la douleur (respiration abdominale, sons, concentration sur le moment présent, ne pas lutter pendant la force de la contraction, puis se de tendre, se détendre, se concentrer sur le bébé...)
J'ai adoré venir à tes cours et ils ont changé mon comportement a plus long terme. J'ai pratiqué beaucoup chez moi, tous les jours à la fin. J'ai eu la chance de passer tout un we avec Sylvain à Évian avec toi, et cela nous a rapproché tous les deux, en tant qu'équipe et ça aussi ça a joue beaucoup. Je conseille vraiment aux futures mamans de faire un de ces we, même sans le papa.
Cet accouchement a été tellement magique que je gère très bien les premiers jours, avec confiance, moi qui redoutais la fatigue, l'allaitement...
Je vous écris d'ailleurs pendant les tétées et la, il est 5h du matin, mon adorable petit bonhomme n'a pas dormi du tout, et moi non plus, mais c'est fou comme je gère cette fatigue, les pleurs, le début de l'allaitement avec confiance. Je sais faire. Je l'ai prouvé.
Merci mille fois
Toutes mes pensées yogi pour toutes les futures mamans. Faites-vous confiance.
Claire