Hugo, mars 2023

Naissance de Hugo le 11 mars 2023

Hugo 

Tout commence avec un réveil un peu en panique samedi 11 mars avec la perte des eaux ! Les jours d'avant, j'avais pourtant été rassurée par ma grand-mère qui avait lu dans son marc de café une naissance avec la nouvelle lune, donc le 21. C'était parfait pour laisser le temps à Julia de soigner sa varicelle et pour vider encore quelques cartons ! Eh bien non, avec les bébés, on ne peut vraiment pas tout contrôler ! Mais ce samedi matin, juste après, quelques flocons de neige sont tombés, on s'est dit que c'était un joli signe, même si on avait visé une naissance avec l'arrivée du printemps.

Je dirais que la matinée était destinée à lâcher le contrôle, accepter que "tout est possible" même quand on n'y est pas préparé mais volontairement rester dans le mental, depuis le moment où j'ai perdu les eaux vers 8h et que je me disais que non ce n'est pas possible si tôt ! Donc, tout en continuant à perdre les eaux, j'ai vidé frénétiquement les cartons et valises qui trainaient dans notre chambre, Tiago a rapidement assemblé le berceau et j'ai préparé en catastrophe les affaires pour le bébé et moi pour la maison de naissance, et pour les grands qui allaient dormir chez leur tata. Pour ça, une naissance un week-end, c'est quand même pratique !   

Comme pour Julia, les contractions ne suivaient pas. Mathilde, la sage-femme présente à la maison de naissance ce jour-là, a proposé qu'on y aille vers midi, j'ai retardé à 14h en espérant que cela se mettrait en route d'ici là. Elle me faisait déjà un peu stresser en mentionnant le fameux cocktail avec l'huile de ricin (que je n'avais pas du tout envie de prendre !) et l'éventuel transfert à la maternité le lendemain matin si les contractions n'avaient pas démarré.

C'est à ce moment que je t'ai écrit et tu m'as dit que les contractions arriveraient. Je me suis accrochée à cette idée, et j'ai voulu faire confiance à mon corps et au bébé, même si c'était un peu l'inconnu...

Un peu avant 14h, toujours pas de contractions, mais j'avais mis comme intention que ça viendrait une fois qu'on aurait déposé les enfants et qu'on ferait notre bulle à Tilia, la maison de naissance ! Évidemment, les enfants s'endorment en voiture, alors on retarde un peu le contrôle à Tilia, Tiago propose d'aller faire le plein d'essence et passer par un MacDrive ! On est en voiture sur l'autoroute, il fait tout gris, du fastfood dans la voiture (moi je tiens bon et me bourre de petites amandes !), ça ne ressemble pas du tout à ce que je projetais après un déménagement en campagne et en pleine formation de yoga, pour un accouchement digne de ce nom, je projetais de me balader en pleine nature plutôt que des allers retours sur l’autoroute.

Finalement on arrive à Tilia, la sœur de Tiago nous a rejoint et surveille les enfants qui dorment toujours en voiture. Devant Mathilde je me mets à pleurer, tout me paraît maussade, cette perte des eaux abrupte en plein chaos chez nous, la météo, Tilia, Mathilde qui aurait sûrement préféré rester à la maison ce jour-là avec ces deux petits... Mais bon, je fais de mon mieux pour lâcher mes idéaux, et on repart déposer les enfants car cela me tenait à cœur de les voir réveillés et leur dire au revoir correctement et "à vite avec le bébé » !

De retour à Tilia, presque fin d'après-midi, toujours pas de contractions et Mathilde mentionne encore le cocktail, que je préfère repousser au maximum et j'opte pour un décollement des membranes. Apparemment mon col est bien favorable, le décollement n'est presque pas nécessaire. Mathilde me propose un lavement que je réussis à esquiver de justesse, cependant j'accepte de prendre de l'ocytocine sous forme homéopathique, c'est à dire 4 petites billes à avaler chaque 5minutes pendant 40 minutes. Pas du tout en adéquation avec "lâcher le mental, ne pas regarder sa montre !". Mathilde, qui anticipe que la nuit va être longue, me dit qu'elle rentre faire une sieste et propose que je lui écrive s’il y a quoi que ce soit. 

Je m'allonge, Tiago met son réveil à intervalle de 5minutes et je ne sens pas du tout que je vais lâcher quoi que ce soit avec toutes ces alarmes ! 18h sonnent, la fin des petites billes, pas de contractions. Donc on fait ce qui semble le plus évident : on se met dans notre bulle Tiago et moi, et on se reconnecte enfin, avec de la vraie ocytocine ! Et je sens que tranquillement les contractions commencent. Il est environ 18h30.

J'avais préparé comme pour les naissances de Julia et Gabriel, une playlist de chansons. Cette fois encore, je la mets. Mais la musique me paraît trop douce, trop "maussade".

C'est là je pense que j'ai un déclic et qu'il y a comme un revirement. De lâcher le contrôle, on passe à la maîtrise des évènements ! "Tout est possible et ça ira bien !"

Je demande à Tiago de choisir la musique, quelque chose que je ne connais pas, mais que ce soit festif ! Il opte pour de la musique brésilienne et des sons qui me permettent de faire des mouvements de l'infini sur le ballon et danser debout, dans la mesure du possible.

À partir de là, j'ai pleinement conscience et confiance. Je danse debout, pendant que Tiago cherche in extremis des idées de prénoms pour le bébé ! Mathilde est dans la pièce à côté et ne vient que rarement nous voir pour contrôler que le bébé va bien. On est vraiment dans une petite bulle confortable, entre une cheminée, la lumière tamisée, la vue sur le lac même si la nuit tombe, et une sorte de musique tribale.

Un moment je sens la fatigue donc je m'allonge, mais j'ai l'impression que cela interrompt les contractions, jusque-là espacées d'environ 5-6 minutes (ce que j'estime par rapport au rythme des musiques !) Ou juste le sommeil qui me permet de moins sentir les contractions.

Je pose mon intention : le bébé doit arriver avant minuit ! Je sens même que ce sera vers 22h...

Toujours allongée, je ne sais pas combien de temps est passé, j'essaie de faire abstraction de la cloche de l'église juste à côté mais je me dis qu'il faut que je me lève sinon on ne va pas y arriver. Par mégarde je vois l'heure sur le téléphone de Tiago : 21h36, aïe ! Je dis au bébé que là il va falloir qu'on se dépêche un peu !

Et une fois debout, tout s'accélère. Je sors aux toilettes, une contraction en chemin, je réalise qu'il y a les techniques du yoga qui aident beaucoup, la musique, chanter, danser... ou simplement se dissocier et faire autre chose.

Les contractions semblent être passées d'un coup de 5 à 1 minute d'intervalle. Mon challenge : réussir enfin à maîtriser la respiration de la vague ! Heureusement que le week-end de yoga était tout frais ! Je crois que j'y parviens en visualisant une vague d'or et c'est comme si l'intensité des contractions était réduite à juste quelques secondes. Difficile de faire le mouvement de l'infini, je me sens bloquée par l'intensité qui descend du bas ventre au haut des cuisses. Pendant les contractions, j'oscille donc entre la vague et m'accrocher à une liane.

Peu après je sens le besoin de vomir et, du souvenir que j'ai de la naissance de Gabriel, je me dis que c'est le moment où la naissance va approcher. Des toilettes, j'entends Mathilde et Tiago chuchoter. Je souris intérieurement parce que je sens déjà que je vais les surprendre et que ça ira plus vite qu'ils ne s’imaginent.

Là mes souvenirs sont un peu confus, mais tout est effectivement allé très vite. Comme pendant la visualisation pendant le week-end de yoga.

Je sens déjà "l'envie de faire caca". De nouveau, grâce à l'accouchement de Gabriel, je sais que cela veut plutôt dire que le bébé approche.

Je me mets à quatre pattes, la tête appuyée contre le ballon, je transpire, j'ai chaud, j'ai froid, Tiago à mes côtés avec ses mains rassurantes, je continue à visualiser la vague pendant les contractions, enfin à ce moment je ne sais plus trop si ça contracte ou si ça pousse. Je sens juste que le bébé arrive et je lui laisse faire son chemin tout seul, vraiment, comme une sage-femme m'avait appris : pas besoin de pousser ! Juste accompagner.

J'ai d'abord bien senti sa tête qui sortait, puis comme une petite pause et les épaules ont suivi. Et d'un coup il était là entre mes mains. Me paraissant gigantesque, il m'a fallu un petit temps pour réaliser. Mais Mathilde m'a confirmé après, qu'elle n'avait rien fait non plus, juste une main sous moi pour s'assurer que le bébé ne tombe pas.

Naissance à 22h13, quasi la ponctualité suisse !

Le lendemain, Mathilde m'a aussi dit qu'elle n'avait rien compris à ce qu’il s'était passé ! Et m'a demandé si j'avais eu mal pendant les contractions parce que de l'extérieur j'avais l'air très calme. Tiago a rigolé en disant que pour lui c'était la norme pour nos trois accouchements.

On m'a répété à chaque fois que j'avais sans doute un seuil de tolérance à la douleur assez élevé. Peut-être que j'ai appris à serrer les dents et à "me dissocier", mais je pense vraiment que c'est plutôt la préparation avec le yoga, et comme tu le répètes, ne pas associer la contraction à une douleur mais à une intensité, et puis à chaque femme sa petite recette personnelle, qui fait qu'on est capable de vivre ce moment sereinement et de manière positive ! En se préparant au mieux à cela et pas à un évènement traumatique.

De mon côté, mon cheminement entre les deux précédentes naissances et la formation de yoga, a vraiment permis que cette naissance se passe de la manière la plus naturelle et maîtrisée possible ! Quelle joie de se sentir pleinement actrice de "son" accouchement et d'avoir relevé le défi de cette grossesse jusqu'au bout en faisant abstraction des sources d'angoisse extérieures.

Merci encore pour tout ton enseignement et ton accompagnement ces derniers mois, et ta volonté à nous transmettre que tout peut bien se passer. Et à très bientôt pour la suite... avec Hugo.

En pièce jointe, une petite photo de lui tout à l'heure et une autre de la fratrie. Moment mémorable où Hugo paraît vraiment reconnaître les voix de ses frère et sœur avec lesquelles il vivait déjà ces derniers mois.

A bientôt,

Cynthia