Élie, juin 2023

Elie

J'ai un peu tardé mais voici mon récit de naissance, qui commence d'ailleurs... au dernier cours de yoga prénatal !

Pendant le cours du mardi, je peine à trouver du confort, mon ventre me semble tendu. En sortant et en discutant avec les filles, je réalise que j'ai des contractions (rien de nouveau jusque-là) très rapprochées mais non douloureuses. Cette fois, elles ne s'arrêtent pas au cours de la soirée. Je me couche et vers 23h, les contractions commencent à devenir légèrement intenses, il faut que je les accompagne par la respiration abdominale. J'essaie de dormir mais je me dis que quelque chose se trame sans doute et la découverte de ces nouvelles sensations m'empêche de trouver le sommeil. Les contractions s'intensifient au cours de la nuit, mais restent supportables. Comme on l'avait décidé ensemble, je ne réveille pas Robin pour qu'il ait toute ses forces pour m'accompagner par la suite. Je m'isole au salon et somnole légèrement entre chaque contraction, première nuit blanche. Je réveille Robin avant qu'il ne parte au travail. Il s'occupe de garder un œil sur la montre, puis on appelle Isabelle Buttard, amie et sage-femme de la mutualiste qui nous a offert le privilège de nous accompagner de la grossesse jusqu'à l'accouchement, en VIP ! Nous lui décrivons la situation, il est possible que tout ça nous mène à l'accouchement, nous décidons donc de nous retrouver à la mut' pour un examen qui s'avère un peu frustrant pour nous ; à peine plus dilatée qu'à mon dernier examen (très peu), le col légèrement plus effacé, des contractions trop peu intenses pour annoncer un travail imminent. Nous rentrons chez nous pour poursuivre l'aventure dans notre petit cocon, je parviens à somnoler entre chaque contraction qui s'intensifie encore. Les respirations abdominales continuent de m'aider, je pense à notre dernier cours de yoga et je me souviens de l'importance de tenir l'expiration ; ce petit truc m'aide à tenir les heures qui suivent. J'accompagne aussi les contractions d'un son. Le moral fluctue beaucoup, le temps commence à paraître long. Nous rappelons Isabelle le soir qui nous conseille d'essayer de rester encore chez nous. Je passe donc une seconde nuit blanche, avec des contractions rapprochées et assez intenses à mon goût. J'essaye de me mettre un peu sur le ballon mais j'ai l'impression que cela accentue plutôt la douleur. Je m'étire et me masse avec une balle, ça aide beaucoup, j'écoute un peu de musique douce. Le lendemain matin, nous la rappelons, rien n'a vraiment évolué, Isabelle nous parle de possible faux travail qui pourrait tout aussi bien cesser, difficile de savoir, coup dur ! Elle nous conseille d'essayer de mener notre journée le plus normalement possible, de prendre l'air, pour garder le moral ; nous nous exécutons ! Je contracte donc dans les rues de Fontaine, à La poste, au milieu des rayons de Kiabi (grand moment !) puis chez une amie proche. Les contractions viennent toutes les 5/10 minutes et me forcent toujours à arrêter tout ce que je suis en train de faire. L'après-midi, je fais une séance d'acuponcture qui je pense m'a beaucoup aidée. Mon col s'est à peine plus ouvert. Épuisée et un peu découragée, Isabelle me parle de la seule solution médicale envisageable à cette étape : la morphine.

Je sais à ce stade que je ne peux pas tenir une nuit de plus et continuer d'accumuler des heures de fatigue, je commence à m'inquiéter de mon état pour accueillir notre petit bout. Le soir, on retourne dans notre cocon, nuit de tempête, premier moment cosmique de ce pré-travail ; je contracte à mesure que l'orage gronde. En grande fan d'orages, ça me donne de la force.

Vers minuit, je dis à Robin qu'il faut y aller, je ne tiens plus. À la clinique, nous rencontrons un sage-femme extraordinaire. Premier monitoring, le col s'est encore un petit peu ouvert, toujours pas de travail. Il nous installe ensuite dans la dernière chambre à lit double de la clinique et m'injecte une première dose de morphine salvatrice à ce stade, qui me permet de dormir un peu plus d'une heure. Les contractions me réveillent à nouveau. Seconde dose dont l'effet dure peu. Nouveau monitoring, on peut commencer à penser à la péridurale qui me semble de plus en plus nécessaire après déjà plus de 48h de contractions. Les éléments s'alignent, la baignoire se libère pile au moment où le monitoring se termine. Je passe le reste de la nuit dans la baignoire, Isabelle (notre bonne fée !) arrive. Elle et Robin sont d'un soutien incroyable. La nuit est cosmique. Au petit matin, je dis à Isabelle que je ne tiens plus et que je préfère avoir la péridurale qu'on me pose donc dans la foulée et qui me fait le plus grand bien. Robin et moi en profitons pour dormir. Le travail se fait donc sous péridurale, mon col s'ouvre assez progressivement au fil de la journée. Isabelle m'examine et au même moment, le bébé met un grand coup ; la poche des eaux se perce à ce moment-là.

Je recommence progressivement à sentir les contractions d'un côté uniquement. En début de soirée, Isabelle m'examine, elle voit ses cheveux, Robin aussi, c'est l'heure ! Grand moment d'émotion. 

Je sens peu mes contractions mais suffisamment pour savoir quand pousser. Je commence comme on l'a appris, en soufflant en même temps mais je peine à être efficace. Je finis par pousser en coupant mon souffle, et là tout est allé très vite, je me suis pleinement reconnectée à mon corps, comme les femmes le disent si souvent, j'ai cru mourir en poussant, alors j'ai pensé à la lecture de la BD ; oui on se meurt un peu, on devient mère. Puis Elie est arrivé dans mes bras, en 11 minutes de poussée "efficace" et là c'est tout ce dont j'ai toujours rêvé, une énorme vague de joie et d'amour...

Pendant un temps, j'ai cru que le moment de cette poussée serait un petit traumatisme, mais à peine quelques heures plus tard, je trouve ce moment magique, sans doute un des plus beaux de ma vie, et puis j'étais si bien entourée.

Elie est donc né à 19h20, après 72h de contractions, à 3,240kg. Il s'est endormi très vite en arrivant sur moi, puis j'ai pu lui donner la tétée d'accueil.

Il est né 17 jours avant son terme et comme un petit oiseau tombé du nid un peu tôt, il met du temps à comprendre que la nourriture n'arrive plus à lui sans un petit effort de tétée ! Il est si adorable, il a repris des forces, nous sommes ravis !

Je termine ce mail en te disant un énorme merci pour ton accompagnement en cours de yoga, je ne l'ai pas reprécisé dans mon récit, mais il y a d'autres outils du cours qui m'ont beaucoup aidée, la visualisation par exemple, surtout sous péridurale où il était plus difficile d'être connectée à ce qui se passait dans mon corps. Je me suis sentie le plus armée possible pour cette aventure dont je ne regrette rien, et malgré la difficulté et la fatigue accumulée, je revivrais ce moment sans hésiter une seconde. C'est beau d'accoucher !

Des bises et à bientôt j'espère,

Sarah