Océane, juin 2023

Oceane 4

L’enfantement d’Océane a duré 6h, du moment où j’ai été réveillée par la poche des eaux qui se rompait jusqu’à sa naissance. Océane pesait 3kg810 et les sage-femmes n’avaient jamais vu de si gros placenta.

L’enfantement a commencé par une phase où j’étais en mouvement dans la maison pour m’installer un coin intime dans le salon et rassembler les dernières affaires pour la maternité. J’ai monté et descendu les escaliers de nombreuses fois. Je me suis préparée une tisane. J’ai allumé des bougies, mis de la musique. Je me suis habillée chaudement et mise au sec parce que le liquide coulait abondamment. Ensuite, je me suis massée le dos avec une balle contre le mur. Puis, je me suis installée sur le ballon pour des mouvements de l’infini.

Au bout d’une heure environ, j’ai appelé Sylvain. J’ai senti que j’avais besoin de son aide. En plus de la contraction dans le bas du ventre, j’ai retrouvé la douleur paralysante et continue à l’arrière du bassin que j’avais connue pour la naissance d’Alaia. La douleur me broyait. J’avais l’impression que l’arrière de mon bassin était passé sous presse et ne pouvait plus respirer

Sylvain s’est installé derrière moi. Sa chaleur m’a fait beaucoup de bien. Je me suis laissée fondre contre lui. Il m’a offert un appui dans le bas du dos, me permettant de pousser fort dans ses mains et d’enrouler mon bassin. Quelques minutes seulement après son arrivée, les contractions se sont intensifiées et sont devenues très rapprochées. Elles déferlaient les unes après les autres, me laissant avec très peu de répit. J’ai complémentent perdu pied, cru mourir. Je n’arrivais plus à me détendre entre chaque contraction. Je ne savais pas comment je pourrais aller ainsi jusqu’à la maternité. Nous avons réussi à y aller 3 heures après le début du travail. Mon bassin était tout figé. Je me traînais plus que je ne marchais, accrochée à Sylvain.

À la maternité l’examen a indiqué que j’étais dilatée à 6 cm. La douleur dans l’arrière du bassin me figeait toujours. Je n’arrivais plus à bouger. J’ai demandé à prendre un bain dans la salle physiologique. J’ai été mise en attente le temps d’un monitoring, qui a finalement été branché jusqu’à la naissance. Je me suis assise sur une chaise, une bouillotte dans le dos. Je suis restée comme cela finalement pendant 2h parce que l’équipe était inquiète de ma douleur, de la grosseur de mon ventre, et du rythme cardiaque du bébé. Pendant cette phase, j’aurais tout donné pour une césarienne et je maudissais ces mouvements de yoga auxquels je n’avais plus accès. Je ne supportais plus d’être touchée.

Sylvain est sorti chercher nos affaires. Le fait d’être seule m’a permis de me concentrer et de me calmer. La respiration de la vague, finement aux narines, m’a sauvée. J’ai demandé au cosmos de m’accueillir pour quitter ce corps si douloureux et je me suis répétée que j’étais seulement passage. J’ai eu l’impression de rentrer en méditation, le plexus tout ouvert, le regard vers l’aube qui filtrait entre les volets. Ma tête dodelinait. Je m’endormais presque entre chaque contraction.

Le gynécologue souhaitait que je reçoive une péridurale ou qu’on me fasse une césarienne mais la sage-femme s’est accrochée à notre projet et m’a donné enfin accès à la baignoire. J’étais dilatée à 8 cm. L’effet de l’eau chaude fut immédiat. En une demi-heure, Océane était là. Je flottais. Je pouvais enfin bouger mon bassin. Je faisais des cercles, des infinis. Je me détendais. Je me régalais de cette eau chaude, de sa beauté. Je m’accroupissais, puis me mettais à quatre pattes, ainsi de suite. Je cherchais juste à me faire du bien, à retrouver le plaisir du yoga quotidien. La poussée s’est mise en place. La tête est sortie tranquillement. J’ai touché le sommet du crâne de mon bébé. J’ai senti ses cheveux ondulants dans l’eau. Un cordon a été dégagé. Puis il y a eu un moment de pause. La sage-femme a placé ma jambe de manière à ouvrir davantage mon bassin. J’ai reproduit une poussée physiologique en concentrant mon expire et en enroulant mon bassin et mon ventre pour aider la sortie des épaules. Et puis ce fut l’effusion de larmes de joie, de baisers sur le visage de cette petite fille maintenant dans mes bras.

Ensuite, nous sommes sortis de l’eau et j’ai été placé à plat dos sur une banquette. On m’a laissé le temps d’une délivrance naturelle. Le placenta a été costaud à sortir. J’ai refait intentionnellement une poussée physiologique pour faciliter le processus. Mon périnée a été déchiré.

Je suis sortie rayonnante de cet enfantement. Le cœur débordant de joie, d’amour. J’ai été rapidement en bonne forme, pleine de lait, capable de marcher un peu, prendre une douche. L’équipe a été d’une délicatesse et gentillesse merveilleuse. Leurs paroles douces et leur regards bleus ont été des phares dans la tempête. Sylvain a été aussi tellement aidant, adaptant sa présence à chaque phase, chaque nouveau besoin.

Merci infiniment Martine de m’avoir permis de vivre cela. J’ai pratiqué ton yoga chaque jour avec infiniment de plaisir. Sur mon tapis, j’ai vécu ainsi de longs moments d’intimité avec mon bébé. Je me suis sentie légère, agile et en pleine forme tout au long de la grossesse. Tout le monde était surpris de me voir ainsi, portant mon ventre lunaire avec facilité malgré mon petit corps menu.

 

Madeleine