Les contractions ont commencé jeudi soir. J’avais un petit mélange d’excitation et d’appréhension qui me tenait éveillée... J’ai tenté toute la nuit de m’endormir avec de la relaxation et des respirations mais sans grand succès. J’en ai profité pour faire de nombreuses visualisations de l’ouverture de mon col.
Les heures avançaient et les contractions s’intensifiaient m’obligeant à me concentrer sur la respiration de la vague toutes les 5 minutes environ. J’ai réveillé Manu (mon chéri) au petit matin pour le prévenir que ça y est le travail avait commencé! Ma maman est venu chercher ma petite de 3 ans qui avait bien compris que quelque chose se passait...
Même si les contractions étaient régulières et intenses toutes les 2 minutes, je décidais de rester encore à la maison pour faire avancer le travail et j’avais une envie de dormir très très forte. Je me suis assoupi entre les contractions.
Vers 11h du matin, je décidais qu’il était temps d’aller tranquillement à la maternité. Nous sommes accueilli par la sage femme de jour, la salle nature est libre, elle m’examine. Je suis dilatée à 4-5cm, je suis heureuse, je me dis que j’ai fait la moitié du chemin... Toute l’après midi nous avons en équipe avec Manu laissé passer chaque contraction que je ressentais de plus en plus douloureuses en variant les positions ; ballon, chaise, baignoire... Entre les contractions, je suis complètement amorphe, je suis rempli d’endorphine. Je n’arrive plus à communiquer clairement, Manu fait la traduction avec l’équipe médicale. Quelques heures plus tard, la sage femme m’examine, je suis encore dilatée à 5cm. Petite déception mais je m’accroche. Je continue à visualiser mon col qui s’ouvre. Quelques heures plus tard, nouvel examen, je suis dilatée à 7cm, une nouvelle qui me motive.
La poche des eaux se fissure, je ressens une pression très forte vers le bas à chaque contraction. Je n’ai plus que 1 min de répit. Parfois j’ai l’impression que les contractions s’enchainent sans pause... Je n’arrive plus à me concentrer sur la respiration de la vague, je fais alors des « Oooommm » parfois très grave parfois plus aigu. Manu m’aide à rester centré sur la respiration et ne pas m’essouffler. A 19h30, l’équipe de nuit prend le relais, la nouvelle sage femme fait le point je suis toujours à 7cm, et mon bébé a son dos contre mon dos, elle devrait avoir envie de se retourner pour descendre plus facilement. J’essaye de visualiser mon bebe qui descend. Vers 22h30 la sage femme est un peu interrogative sur la position du bébé. Il est à gauche et n’est pas centré sur le col ce qui explique pourquoi le col ne s’ouvre pas plus. Elle me conseille la position à quatre pattes avec le ballon pour inviter le bébé à se tourner. Si le bébé ne veut pas descendre plus, elle nous fait comprendre qu’il va falloir envisager un autre moyen, sous-entendu la césarienne... Beaucoup de pensée se bousculent dans ma tête, je me dis que c’est le pire des scénarios... mais les contractions d’une si forte intensité ne me laisse pas le temps de réfléchir. Je dois me centrer sur moi sinon la contraction est insoutenable...
Avec Manu, on poursuit en parlant au bébé, lui demandant de descendre, de se retourner, qu’il est temps maintenant... Mais une demi heure plus tard je suis toujours à 7cm, bébé n’a pas bougé et mon col commence à s’épaissir ce qui n’est pas favorable. Je comprend alors qu’on se dirige vers la grande alternative. La sage femme me propose avant, de poser une péridurale avec ocytocine de synthèse pour rendre les contractions plus efficaces. Je suis déçue et je suis aussi épuisée que la situation n’avance pas. J’accepte la péridurale.
Une fois la péridurale posée, je m’endors. 2h plus tard la sage femme fait le point. Elle n’a pas eu le temps d’injecter de l’ocytocine. Je suis à dilatation complète. Le bébé s’est tourné, bien axé sur le col et la tête est juste là. Je ressens l’envie de pousser. Nous sommes tous agréablement surpris.
4min plus tard, née ma fille Hinatea. C’est beaucoup de bonheur à cet instant de la rencontrer.
La sage femme n’a pas su expliquer pourquoi la situation s’était débloquée toute seule alors que j’étais allongée pendant ces 2h de péridurale. Es le produit anesthésiant ? Ou le simple fait que je dorme et lache prise un peu sur la situation ? Dans tout les cas, je garde un très beau souvenir de la naissance. La péridurale n’étais pas trop forte et c’était merveilleux de sentir le passage du bébé. L’ambiance dans cette salle d’accouchement était douce et tamisée. J’ai senti l’équipe médicale détendu, soulagée que tout soit rentré dans l’ordre et cela à contribuer me sécuriser.
Maryline, le 26 juin 2023
Maman, texte de Hélène Delforge. Illustrations de Quentin Gréban