Rose, Octobre 2024

Rose

 

Naissance de Rose le 2 octobre 2024

 

Mon terme était le 28 septembre, mais pour x raisons, j’étais persuadée que j’allais accoucher bien plus tôt. Première leçon de lâcher-prise de ma maternité, que neni, et nous sommes allées jusqu’au terme sans contractions à l’horizon, malgré TOUS les tips pratiqués! À l’approche de la date fatidique, on commence à se faire une raison, je réalise petit à petit que finalement je ne vais pas accoucher avant terme. On commence à aborder le déclenchement la semaine avant le terme car je consulte pour des mouvements de bébé un peu moindres, finalement tout va bien et je repousse l’idée du déclenchement qu’ils me proposent déjà à ce stade. Lors du check à J-2, ils me montent en salle de naissance pour consulter la chef de service car et la sage-femme, et l’échographe ne trouvent pas assez de liquide amniotique lors de l’échographie, ce qui est un motif de déclenchement pour eux. Là je suis un peu troublée, d’autant plus que je suis à la maternité qu’avec ma mère, ce qui est déjà super, mais Lin bosse et donc on ne peut même pas vraiment en discuter. Cependant, la chef de service, elle, en trouve du liquide, et donc ne me préconise pas de déclenchement ce jour-là, en revanche, le recommande à partir du terme. Bon.. je commence donc à envisager le déclenchement mais vraiment à contrecœur, j’ai un projet physio, avec un travail que j’ai bcp imaginé chez nous, et surtout j’ai peur de l’échec de déclenchement et de la césarienne, accoucher par voie basse étant vrmt un rêve pour moi, un peu au même titre que cette grossesse. À ce stade, on ne décide rien, mais on envisage désormais le déclenchement pour J+2 si rien ne se passe d’ici là. Évidemment j’espère encore ++ que ça se lance spontanément pendant ces jours là et je fais tout pour, je suis en forme, mobile, on se balade, je fais du yoga dédié tous les jours, les exercices du livre Accouchement naissance - un chemin initiatique (visualisations, ouverture du col, relaxation) que Lin me lit, on est dans de superbes conditions et on passe de très bons moments. J’ai de petites sensations parfois, mais rien ne se passe vraiment. Le jour du terme, checks ok et on valide le déclenchement pour J+2. Lin est contente d’avoir un plan clair désormais, elle prévoit de ne pas retourner au travail lundi. Et moi ça me va aussi, je me suis faite à l’idée, j’ai des récits autour de moi de femmes ayant accouché naturellement après un déclenchement, Lin me dit que ça va bien se passer, et puis je me sens bien, on est en confiance, j’ai abandonné mes idées préconçues, alors allons-y comme ça viendra! J’espèrerai tjrs un petit peu jusqu’au bout que ça se lance bien sûr, mais non 😌 Le dimanche, veille du déclenchement, grande balade de 2h au bois de Vincennes, on passe une super journée, j’ai des petites contractions toute la journée, j’y crois un peu, mais finalement tout se calme en fin de journée, mais c’est ok. On passe une dernière soirée à deux chez nous, on est super heureuses. Lundi matin, c’est donc notre jour J, on s’active, on sait que ça y est, on va rencontrer notre fille dans les prochains jours… on ne reviendra pas chez nous sans elle! Avant même d’avaler mon petit déjeuner, je bois un jus car je me sens un peu faible de m’être activée avant de bien manger, et là je suis prise d’une violente crise de vomis. Je suis surprise. Lors des spasmes de vomis j’éjecte un liquide de mon vagin, je me demanderai longtemps si ce sont les eaux ou du pipi. C’est inodore et incolore, mais comme souvent mon pipi en ce moment. Spoiler alert, c’était du pipi. Je me dis c’est peut-être bon signe cette histoire car j’ai souvent entendu des femmes en travail vomir, mais bon là, je n’ai aucune contractions… je ne saurai jamais d’où c’est venu. On appelle la maternité pour confirmer l’heure de notre venue, ils nous disent de prendre le temps et de venir en fin de matinée. On finit de bien tout ranger l’appart, et nous partons, en route pour aller accoucher 😁 c’est assez spécial comme moment, on est bien. 

 

Lundi 30/09, nous arrivons à la maternité vers 11h avec toutes nos affaires, je ris à l’idée que dans ma tête, j’aurais dû être bien dans le mal à ce moment, et Lin à galérer avec toutes les affaires et moi en souffrance à côté, mais en fait nous voilà à prendre tranquillement l’ascenseur moi poussant la petite valise cabine. On est tout de suite prises en charge par Robin, le sage-femme que nous avions eu lors de notre premier rdv d’inscription aux Bluets! Il est très sympa et comme il dit, la boucle est bouclée 😄 Le déclenchement démarre donc avec la pose du ballonet. À ce moment mon col est très légèrement ouvert, à 1 / 1,5, en fonction de la taille des doigts de l’opérateur.. La pose est franchement plus fastidieuse que ce que je pensais, mon utérus est bien postérieur (je l’aurais suffisamment entendu), ce qui pose décidément du fil à retorde. La gyneco, je crois que c’est une interne, mais qui est très bien, je l’avais déjà vue les jours d’avant, s’y prend à plusieurs reprises mais n’y arrive pas, elle fini par appeler la chef de service pour qu’elle l’aide à le poser. Celle-ci arrive, elles galèrent encore un peu puis finissent par y arriver. Le ballonet est donc posé vers 12h, je ressens assez rapidement des douleurs de règles, bien supportables, et je me dis que c’est bon signe. Elles passent après dafalgan + spasfon. Je trouve le dispositif assez encombrant quand même avec ce gros câble qui sort du vagin scotché sur la cuisse. Pour l’anecdote, une sage-femme nous expliquera que c’est en fait un dispositif pas du tout fait pour ça à la base, ce sont peut-être des sondes urinaires ou qqch comme ça selon elle, ce qui expliquerait qu’il y aie plusieurs sorties au câble qui sort du vagin, qui ne servent à rien pour le déclenchement en l’occurrence… mais visiblement personne ne se donne la peine de développer un ballonet adapté au déclenchement plus confortable 😅 Les heures qui s’en suivent sont plutôt sympas, d’abord un monito, mais on est installées dans une salle toutes les deux avec Lin et on peut faire notre vie. On joue au Yams, on fait un unlock, on écoute de la musique, je fais du ballon, on fait de méditation, les exercices d’ouverture du col, du yoga, et surtout, on est curieuse de la suite, heureuses de ce qui arrive. Je me sens super bien, en confiance. On peut ensuite remonter en chambre pour la nuit. On découvre notre chambre, qui sera la nôtre jusqu’à notre départ de la maternité avec Rose. On passe une très bonne nuit et je dors bien, et j’en suis ravie car je me dis que je vais avoir besoin d’être en forme. Le lendemain matin, la sage-femme du jour, super sympa, me retire le ballonet. Le ballonet a fait son taf, je suis dilatée à 2-3 et mon col est raccourci. On passe aux comprimés de prostaglandines, toutes les 2h. On me prévient qu’il n’y a rien à trop en attendre les premières heures, mais qu’on peut espérer que le travail se lance d’ici les 8h de prise. Donc c’est partie pour une seconde journée, jeux, yoga, méditation et monito, dont un qui duuuuure car le cœur de bébé est trop haut, mais comme depuis le début, mon bébé a le cœur qui bat vite (comme moi…), c’est pas grave mais ils veulent quand même vérifier donc ça dure super longtemps. Elle finit par me faire descendre en salle de naissance car selon elle c’est quand même trop haut, mais en fait, une fois arrivées, l’équipe en salle de naissance nous fait remonter en chambre, pour eux c’est ok. Bon un peu brouillon tout ça mais en vrai nous sommes juste bien avec Lin donc tout roule. On dîne toutes les deux, et vers 19h je commence à sentir des contractions. On est curieuses, est-ce que ça y est, ça se lance? Elles sont gérables, avec mes respirations, mais déjà assez intenses. On note qu’elles sont tout de suite assez régulières, déjà toutes les 2-3 min. Au bout d’une heure je demande à l’infirmière spasfon et Doliprane, et je prends une douche chaude, pour être sûre que c’est bien le travail qui part, et pour pouvoir me reposer si jamais ce n’était pas le cas. Ça n’y fait rien. Je me dis que ça commence. Et on fond je crois que je le sens. Je suis déjà dans ma bulle. Lin recommence à chronométrer, l’intensité augmente. Moi je suis sur le ballon et Lin est derrière moi. Les respirations m’aident bien à gérer, Lin m’appuie le bas du dos pendant les contractions. Je me détends super bien entre chaque. On est dans la pénombre. Je mets une musique de méditation que j’aime bcp. On est bien. Les contractions sont tjrs bien régulières toutes les 2-3 min. L’infirmière me rapporte quand même mon prochain cachet de prostaglandines après environ 2h de contractions, je me demandais si elle me le donnerait. Mais ça me va, je me dis mtn autant y aller… Juste après le comprimé vient une plus violente contraction. Elle me fait vomir tout mon repas dans la foulée. Un peu impressionnant. On rappelle l’infirmière qui me redonne un comprimé. On commence à lui dire que le travail a vraiment commencé, et à demander si je peux avoir le bain, elle part donc voir avec les équipes. Je continue de gérer les contractions qui suivent dans la douche, à ce moment-là, les respirations n’y font plus, je passe aux sons graves qui marchent bien, ça raisonne dans la salle de bain. Je suis bien, ça fait du bien de faire ces sons. C’est même hyper agréable de sortir ces vibrations. J’avais voulu faire des cours de chants pré-natal, mais on n’en avait pas trouvé, je n’avais pas bcp cherché non plus car je crois qu’au fond ça me paraissait inée. Et effectivement, c’était inée, je faisais des sons super fort, qui faisait vibrer tout mon corps, et je pense que jamais je n’aurais « osé » une telle intensité dans ce type de chant, dans la vie de tous les jours. C’est une chouette expérience. Je me dis quand même à un moment donné que c’est pas cool tout ce bruit que je fais pour les chambres d’à côté remplis de parents avec leur bébé qui vient de naître, m’enfin… je sens Lin dans la chambre qui prépare les affaires pour la salle de naissance. L’infirmière revient et on a le go, on peut descendre en salle de naissance pour avoir le bain. Super je suis contente, c’est vraiment parti. À ce moment-là, je constate un sacré avantage au déclenchement, on n’est que deux étages au dessus de la salle de naissance ! Pas de 5 étages à descendre sans ascenseur, pas de taxi à pendre pendant 15 min.. déjà là je me demande comment je vais gérer le déplacement 😅 Mais ça se fait, on descend, je gère qqs contractions en chemin. Et là très étrange, arrivées à l’étage des salles de naissance l’infirmière nous installe dans une salle double où on fait les monito, il y a un couple installé, je trouve ça hyper chelou je me demande si elle va vrmt m’installer là pour un monito?? Je gère une ou deux contractions debout et je pense vrmt au couple de l’autre côté du paravent, un peu burlesque. Il y a un ballon mais il est nul, tout dégonflé. Heureusement la sage-femme arrive, celle qui nous accouchera, super feeling je suis contente de la voir débarquer, elle nous pose qqs questions sur le projet notamment le bain, on confirme qu’on a signé le papier pour accoucher dans l’eau, et elle nous dit rapidement « bon et bien on va aller s’installer ailleurs hein! » Soulagée de ce bon sens, j’acquiesce plutôt fort. On rentre dans la salle avec la baignoire pour accoucher. Il est 22:13. La salle est petite (ndlr : pas du tout! En lisant mon récit Lin me dit que la salle était plutôt grande! Mais dans mes souvenirs, elle est toute petite), elle me plaît. La salle s’appelle Orange, je trouve ça génial, car ma Lin est hollandaise et c’est le nom de la famille royale des Pays-Bas, ils sont tout le temps en orange etc c’est la couleur nationale. Je trouve que c’est un signe, même si je ne suis pas tout de suite sûre que c’est là que je vais accoucher mais ok. Elle m’installe le monito sans fil puis fait couler le bain. Elle explique à Lin comment tout ça fonctionne. Elle m’indique que la position conseillée est accroupie. Je m’installe d’abord accroupie mais je ne suis pas bien. Je change vite et m’installe dans le bain en position allongée et totalement immergée. Beaucoup de mes visualisations impliquaient l’immersion dans l’eau. C’est mon élément, j’adore être dans l’eau et je me dis que ça va m’aider. L’eau chaude fait du bien, mais j’ai vite très chaud, je demande à Lin de l’eau froide sur le visage. Les contractions deviennent difficiles à gérer, elle s’intensifient et moi je suis clairement sortie de ma bulle avec tout ce remue ménage depuis notre descente, j’ai vraiment du mal à y retourner, à ce moment-là de l’accouchement, je flanche un peu, un peu beaucoup même, j’ai envie de tout abandonner, je dis à Lin que je veux la péri, que je ne vais pas y arriver, je me demande à quoi bon, pourquoi je veux faire ça, c’est si inconfortable… j’essaie de me détendre entre les contractions mais je n’y arrive plus trop, je pense aux prochaines et que ça va être encore long. Lin m’encourage, me dit que je gère super bien, que je peux le faire, elle me parle, elle m’aide, mais je ne suis pas du tout convaincue. Elle me dit allez on essaie encore une demi-heure. Je continue donc à gérer (de toute façon, j’ai pas bien le choix, ce n’est pas moi qui peut appuyer sur le bouton pour appeler la SF après tout, et, avec du recul, tant mieux bien sûr). Je finis par me changer de position, je ne suis pas bien allongée, je me remets accroupie sur les genoux, et je peux me suspendre à la poignée qui pend au dessus du lit et qui est mobile (elle coulisse au plafond). Et là c’est game changer. Arrive la meilleure partie du travail pour moi. L’intensité augmente encore vraiment. Je me mets à hurler à chaque contraction, de toute mes forces, mais la position est top, Lin vient près de la baignoire devant moi, et entre les contractions je me repose sur le rebord, dans ses bras. C’est si doux, et si intense, en alterné. La sage-femme revient, elle nous demande comment ça se passe, je dis que c’est dur mais que ça va. Elle nous dit que quand ça devient trop dur elle peut me donner du gaz hilarant. Je dis que oui je veux bien ça tout de suite, très bonne idée. Elle nous apporte le masque et avec Lin on trouve un super rythme, Lin tient le masque à gaz, et à chaque contractions, je plonge littéralement dedans, j’hurle de toutes mes forces à l’intérieur, le son m’englobe, je me suspends, je bouge le bassin, ou plutôt mon bassin bouge… et j’ai vraiment l’impression de ne plus sentir la douleur, seulement l’intensité. C’est ce que je me dis sur le moment. Mes cris sont si forts que j’ai l’impression qu’ils couvrent la douleur des contractions. Entre les contractions, j’arrive super bien à me relaxer, la tête sur le bord de la baignoire, blottie dans les bras de Lin, c’est vraiment doux, on est trop bien. Les moments de répit sont aussi doux que les contractions sont intenses. On fait ça un bon moment, j’arrive au bout d’un moment à anticiper un peu les contractions et prendre une bonne bouffée de gaz d’avance, ça marche bien. En vérité, je ne saurai dire exactement l’efficacité du gaz en lui-même. Mais ce qui est certain, c’est qu’il est au moins efficace d’un point de vue psychologique, car alors, j’ai qqch à faire, une bouée de sauvetage, dont me saisir à l’arrivée d’une contraction. J’ai l’impression que c’est vraiment cette idée qui m’aide le plus, l’optique d’avoir un truc pour gérer la contraction. À un moment la SF revient et Lin lui demande si elle peut la relayer le temps qu’elle aille aux toilettes. Pendant ce temps où c’est la SF qui m’accompagne, entre les contractions, je lui demande son prénom que j’avais oublié, elle s’appelle Caroline. Je lui demande s’il y a beaucoup d’accouchements ce soir, car je sens que c’est speed. Elle me dit que oui, qu’elle vient d’accueillir un petit garçon dont j’ai oublié le prénom, mais que là on est full focus sur moi et mon accouchement à moi. Je demande s’il y a une Kenza qui accouche ce soir, elle me dira que non (c’est une fille de mon groupe de femme enceinte qui doit accoucher dans les mêmes eaux aux Bluets également). Lin revient. Je demande l’heure. Il est minuit et demi. Je les regarde et je dis qu’elle va naître le 2 octobre 🥲 ça ne veut rien dire de spécial pour nous mais juste, ça y est, on connaît sa date de naissance! On continue. Ça avance bien, et surtout je commence à avoir des sensations dans le corps, le bassin, ça bouge, ça fait des à coups, je commence à sentir des sensations de poussées, ça avance, et ça me motive de ouf. Mon attention est plutôt là-dessus que sur les contractions. Ça contribue à ce que je ne ressente plus vraiment la douleur. J’analyse ces sensations, je pense beaucoup à mon bébé qui travaille avec moi. Là vient une séquence émotions ++. Je suis émue, je réalise pour la première fois que je suis en train d’accoucher de notre fille, que ça y est on y est vraiment, qu’on va le faire, qu’on est en train de le faire, que je suis dans l’eau, que tout est top, je pleure de joie, je regarde Lin, je lui dit tout ça, elle est aussi émue que moi, c’est un moment magique. L’intensité continue d’augmenter, et les sensations de poussées aussi. Je le dis à Lin que ça pousse, c’est dans les fesses, j’ai l’impression que je vais faire caca, et d’ailleurs je fais quelques petits cacas dans l’eau, on appelle pour demander si c’est grave, c’est pas grave, l’infirmière essaie d’enlever, et si c’est pas grave pour le bébé, je m’en fiche. Je continue le travail. La sage-femme est à nouveau là et je dis que ça pousse. A ce moment j’ai vrmt l’impression qu’on y est, que c’est presque l’accouchement, que peut-être le bébé s’engage ? Je sens des poussées intenses pendant les contractions, mais je sens pas vrmt bébé cela dit. La sage-femme m’examine et me dit avec des pincettes que c’est super, on avance vite et bien, mais que je ne suis pas encore entièrement dilatée, presque mais pas encore, on a encore un peu de chemin. Là c’est un peu la grosse déception, j’ai l’impression que ça veut dire qu’il reste au moins 2h, je ne sais pas pourquoi ce délai dans ma tête, alors que je pensais qu’on y était moi, mais pas du tout 😅 et même si je kiffe, c’est quand même super dur, je suis fatiguée, mais bon, on continue à gérer, on tient le rythme, les contractions sont vraiment rapprochées je trouve, je n’ai que très peu de répit. Puis la sage-femme revient avec une « nouvelle donnée », c’est que le cœur de bébé fait des petits décélérations, donc ils faut peut-être qu’on prenne des décisions, elle va interroger le médecin. D’abord elle rompt la poche des eaux pour voir si le liquide est tinté (toujours dans l’eau). Il ne l’est pas. Néanmoins, ils me disent que vu les anomalies de rythme ils préfèrent que je sorte du bain, et me parlent de la péridurale, si jamais il faut intervenir. Lin me dira après coup qu’à partir du moment où ils m’ont parlé de péri, j’y pensais tout d’un coup beaucoup. Forcément à ce stade je suis quand même épuisée donc ça me tente, même si en soit, avant tout ça, ça allait encore bien. Comme quoi, le psychologique joue vraiment. J’ai une nouvelle contraction avec encore cette sensation de poussée qui finit dans les fesses, elle me donne alors l’impression qu’il y a un truc qui bloque, car ça fait plusieurs fois que je l’ai, et sachant désormais que je ne suis pas dilatée à 100%, je ne comprends pas bien ce que c’est. Je demande à la SF pourquoi ça pousse dans les fesses comme ça si le bébé n’est pas encore engagé, elle me répond que ça peut être lié à sa position. Je ne comprends pas trop ce que ça veut dire, ni si c’est normal ou pas. (Ndlr plus tard je comprendrai du coup, grâce à Pilar). Du coup moi j’ai l’impression que mon bébé est un peu bloqué, qu’elle galère. Ça me renforce dans l’idée d’accepter la péri. La sage-femme m’informe alors de la décision du médecin de me sortir du bain pour la suite. Je ne sais plus trop ce que j’en pense à ce stade, et j’accepte car ce qui m’importe reste la bonne santé de mon bébé. Par contre la sortie me parait une sacrée épreuve. Les contractions sont vraiment rapprochés, peut-être 20-30s entre chaque? Je ne sais plus trop. Surtout, je veux garder notre super rythme avec Lin mais là il y a plein de monde qui est arrivé, j’appelle Lin pour qu’elle revienne avec le gaz. Je veux gérer une contractions avant de sortir. Ils me laissent faire. Mais ensuite elles sont si rapprochées que la médecin voit bien que ça peut repartir pour une autre et me dit allez il faut sortir donc on y va, ça passe, je sors tant bien que mal. Je leur confirme alors que je veux bien la péri, que je ne veux pas prendre de risque, que je suis fatiguée. En plus, l’idée de continuer hors du bain me paraît compliquée. Et là j’entends la médecin me dire « alors ok mais attends pcq on ne sait pas si ça va être possible la péri », ils disent que c’est peut-être trop tard, là je ne comprends pas et je suis mega blasée pcq eh oh, maintenant que vous me sortez du bain, que tout le monde est là autour de moi, lumières rallumées, ma bulle explosée, et vous me dites qu’en fait peut-être que non?! On m’examine, finalement je suis maintenant à dilatation complète. Et c’est ok pour la péri car bébé est encore suffisamment haut. Ils me posent la péri, bon là c’est vraiment fastidieux, je dois grimper sur ce lit, m’assoir, faire le dos rond etc pas bouger, avec les contractions qui sont vrmt rapprochées, c’est dur. C’est la médecin qui me fait face et elle est vraiment bien. Je lui broie le bras pendant les contractions, mais elle gère, m’encourage et me guide bien pour la marche à suivre. L’anesthésiste, lui, me semble vraiment nul. Je ne le verrai pas. Lin m’a dit après coup qu’il était quand même sympa. Mais moi je retiens qu’il me pique au moins 5 ou 6 fois, il galère, il me dit que c’est lui, pas moi, s’excuse, se reprend, je me dis mais mec focus !!! Il me dit « désolée je vous fais mal », et là je me dis mais il est au courant que j’accouche et que j’ai des contractions de l’espace ? Qu’est ce que j’en ai à faire de ses piqûres c’est peanut à côté, pose-moi donc cette peri. Je demande soudainement si c’est bien la péri déambulatoire, on me rassure « oui oui, systématiquement ». Elle est finalement posée, je veux de suite me relever aller gérer les contractions plus loin mais j’apprends que je dois désormais rester allongée ou assise le temps que ça diffuse, je suis deg je veux bouger bon sang. La SF m’aide à gérer qqs contractions sur le lit, tjrs avec mon gaz, mon soldat, et finalement la péri agit vite, ça s’estompe. Wow, le calme après la tempête, c’est assez fou. Je suis contente à ce moment-là de pouvoir souffler un peu avant la poussée, et surtout le cœur de bébé s’est stabilisé, ce qui est quand même la bonne nouvelle car aussi la raison de tout se chamboulement. Aussi, la SF me dit qu’ils proposent de m’injecter de l’ocytocine. Elle m’explique pourquoi mais je ne me souviens plus. J’accepte car à ce moment-là je leur fais juste confiance, et ça ne me semble pas changer grand chose pour moi, même si je suis pas fan de l’idée, je me dis si c’est mieux pour la naissance, ok. Tout le monde est reparti, on est à nouveau seules avec la sage-femme et Lin, on reteint les lumières, on retourne dans notre bulle. La sage-femme me propose alors de me mettre à genoux sur le lit, le ballon devant moi, et de me reposer dessus. Les genoux en position chasse-neige. Je comprends ce qu’elle propose, la fameuse contre nutation du bassin pour aider à faire descendre bébé, j’avais vu ça plusieurs fois au yoga pendant ma grossesse. Elle me dit qu’il n’y a pas besoin de bouger, j’ai juste à tenir la position et me détendre, ce que je fais volontiers, j’arrive bien à me relaxer, je visualise mon bébé dans mon bassin, on est dans la pénombre, Lin se repose un peu. Il est 2:47. On part pour 20min comme ça, le cœur de bébé est bien, tout va bien. Là je me relaxe à fond, je me repose. Elle prévoit qu’on passera à la poussée dans 2h. Je suis étonnée de ce délai, mais ok, pas de problème. Je reste un peu plus longtemps dans cette position car j’y suis bien. Mais à un moment, elle revient et me dis que finalement la poussée ça va être maintenant. Le cœur flanche à nouveau, elle dit que le créneau c’est maintenant. Et visiblement ça doit aller vite. Ok. Je dois m’allonger sur le dos, en bonne position gyneco, étriers et tout. Moi qui voulait précisément éviter ça.. bon c’est pas grave. Mtn il s’agit de sortir bébé et de faire tout ce qu’ils disent car je sens quand même qu’il y a urgence. La médecin est là, avec son interne. Je sens qu’il peut y avoir une intervention à tout moment. Je me concentre, on avait répété la poussée une fois avant la position sur le ballon, j’avais bien réussi d’après elle. Mais je sentais pas grand chose… On me vide la vessie par sonde. Je me dis ah ouais la totale. Et on attaque. On me dit de pousser en bloquant ma respiration, comme pour faire caca. Vraiment la totale. Je me dis « ah oui vraiment?? », moi qui avait travaillé pour sentir les différentes zones de mon périnée, je trouve ça bizarre comme indication, elle va quand même pas sortir de mes fesses. Mais je m’exécute. Je suis troublée car je sens vraiment rien! Je dois pousser mais pousser quoi, où?! Je suis surprise car j’avais encore l’usage de mes jambes donc je suis troublée de rien sentir à l’intérieur. Mais je pousse donc, et ça va, je m’en sors bien visiblement, j’entends qu’elles disent que c’est efficace, mais parfois j’entends juste « allez allez encore » je comprends que c’est un peu moins efficace, mais je galère un peu à savoir c’est comment que c’est bien. Mais je donne tout. Avec du recul, je suis un peu déçue de cette absence de sensation, la péri semblait pourtant bien dosée car je pouvais être sur les genoux, je sentais encore mes jambes, mais je crois qu’elle baisse la dose à un moment quand je lui dis que je sens rien, donc peut-être qu’ils en avaient trop mis, je ne sais pas. Pendant la poussée, le cœur de bébé flanche à nouveau, c’est stressant, en plus elle met le son du monito, donc je l’entends flancher. Je lui parle et je donne tout. Ça parle du médecin, je sens que l’intervention peut arriver à tout moment. Je veux pas. J’ai les yeux fermés tout du long. J’enchaîne. Une poussée particulièrement efficace fait bien avancer bébé, et le rythme se stabilise à nouveau, fiou. Il reste pas grand chose. Elle me propose de toucher la tête, je touche, je sens ses cheveux, son crâne, wow, c’est lunaire, elle arrive, mon bébé arrive, depuis l’intérieur de moi… La sage-femme me dit qu’elle a une sacré longueur de cheveux! Je suis un peu deg je préfère les bébés avec des cheveux courts. M’enfin! (Ndlr finalement elle aura les cheveux pas si long, la plus belle du monde 🥰) Une nouvelle poussée et la tête sort apparemment, Lin me le dit aussi! Je trouve ça génial quand c’est Lin qui me le sit. Elle voit sa tête. J’hallucine un peu, c’est une scène qu’on a l’impression de tous connaître « on voit la tête » mais là c’est en train de m’arriver à moi, à mon bébé! Elle me propose de continuer de pousser sans attendre la prochaine contraction. Ok je pousse encore et encore, et elle sort, mon bébé est là, Rose naît à 3:37 après 20 min de poussée. Ils me la donnent, elle est toute flasque, je l’attrape et la mets sur ma poitrine, elle est couverte de sang mais ils me disent que c’était le sang à l’intérieur, elle ne crie pas, ça ne m’inquiète pas tout de suite car je sais que ça peut prendre du temps, mais elle a du liquide dans la gorge, ça s’entend, elle galère, je vois qu’elle galère avec sa bouche comme si elle a bu la tasse, c’est même mignon, elle est déjà si belle, si mignonne, c’est tout ce que je vois, je vois ses yeux, c’est mon bébé, elle est là elle est arrivée, elle est belle et je lui fais déjà confiance je crois. Ce moment ne dure que quelques secondes. Ils coupent rapidement le cordon après avoir demandé à Lin si elle voulait le faire mais elle dit non, elle comprend qu’il faut aller vite, ils me la reprennent en douceur (ndlr apparemment pas si en douceur que ça mais je l’ai bien vécu visiblement) et l’emmènent, Lin suit. Je reste assez calme je me dis que ça va aller, même si c’est forcément un peu stressant. Le médecin me rassure je crois, elle m’explique qu’elle a bu son miconium et qu’il faut lui extraire, j’ai déjà entendu parler de ça donc je me dis que ça va. Son interne m’aide à sortir le placenta, c’est très facile en une petite poussée. Puis il m’examine et me recoud, je demande si je suis déchirée. Ils me disent que le périnée est intacte. Je me dis wow, cool, avec ces poussées, je me disais que j’avais tout explosé… j’ai donc qqs éraillures au vagin, mais visiblement c’est pas grand chose, 2 petits points, je suis contente. Ma playlist continue de tourner, c’est Sia qui passe « Bird Set Free » une musique sur laquelle je m’étais beaucoup imaginé accoucher, je réalise petit à petit, je suis déjà super heureuse de mon accouchement à ce moment-là. Et là l’interne me dit « j’ai bien prêté attention madame et votre fille est née sur The Show Must Go On de Queen ». Je trouve ça génial! 😄 Tout ça dure une vingtaine de minutes, pendant lesquelles 3 personnes, une sage-femme adorable que je n’avais pas encore vue, l’infirmière, et ma sage-femme, viennent me voir pour me donner des nouvelles de mon bébé. Ils m’expliquent ce qu’il se passe, ils ont extrait le miconium, elle a crié « elle nous a bien cassé les oreilles » qu’on me dit (🙏🏼🙏🏼🙏🏼) et ils l’ont mise sous oxygène mais juste par précaution pour vérifier que tout va bien, que c’est une question de minutes avant qu’elle me revienne. Je suis calme pendant cette attente, un peu shootée peut-être. Je dis à là médecin que j’ai des pipettes de colostrum au congèle, mais elle me dit que ce n’est pas nécessaire. Finalement si, Lin le dira aussi en salle de réa et lui en donnera une 🥰 Puis l’interne en a fini avec moi et tout le monde part et me laisse. Je suis tjrs dans la pénombre, je suis sonnée, mais très heureuse, un peu anxieuse par moment, mais je me sens quand même bien, apaisée, elle est née elle respire et je me dis que ça va aller, elle arrive. Enfin, après une dizaine de minutes seule dans cette pièce, et donc une demi-heure en tout, ils reviennent, Lin entre avec notre fille dans ses bras, elle me la donne, et là c’est le bliss total, elle est si belle, elle est toute propre, elle a une couche et un bonnet, et qu’elle est belle. Lin me le dit « elle est trop belle », c’est si fort, si fort. On est comblées. On se regarde, on est trop émues, c’est l’amour total. On me la laisse en peau à peau, elle tête, c’est merveilleux, j’ai mon bébé, je suis la plus heureuse. On nous laisse là pendant 2h. Lin se pose sur le fauteuil à côté pour récupérer. Pour elle ça a été un peu plus stressant car elle a vu Rose dans la salle de réa, avec les capteurs, l’aspiration, le masque à oxygène…. Même si tout va bien, ça a du être impressionnant. Moi j’admire notre petite Rose, qui tète mon sein, c’est surnaturel, le temps est suspendu. La suite est très douce. On revient et Lin s’occupe des premiers soins avec la SF et l’habille. Pendant que l’infirmière m’accompagne aux toilettes. Je suis hyper surprise de la quantité de pipi qui sort de moi !! Je me demande d’où ça vient vu qu’on m’a vidé la vessie avant la poussée. Lin me dira ensuite qu’on m’avait posé une perf d’eau. Ah, ok. En plus, je ne sentais pas l’envie de faire pipi. Troublant. Néanmoins je suis ravie de pouvoir marcher. Je me sens vraiment bien. L’infirmière est trop adorable. Elle s’occupe de moi et de m’enlever mon bazar, les câbles, le cathéter et co. Je vois qu’elle a une médaille avec la Martinique autour du coup. Je lui demande si elle vient de là-bas. Elle me dit oui et aussi de Guadeloupe. Je viens moi-même de la Réunion et je lui dis. On trouve ça génial mutuellement et on rigole. Elle me dit mais qu’est-ce qu’on fait là il fait si froid dans ce pays! C’est un doux moment. Quand tout est prêt, on se prépare à retourner en chambre. La SF me dit qu’elle va chercher le fauteuil roulant. Je dis non je peux marcher (j’ai tout de même fait mes 10 pas pour aller au toilettes et comme une chef), mais elle me dit gentiment que si si le fauteuil sera mieux. Je n’insiste pas. Je comprends après coup que je vais porter Rose donc oui, c’est peut-être plus prudent 😇 on remonte, je protège les yeux de Rose de la lumière stridente des couloirs. On arrive dans notre chambre. C’est littéralement lunaire. Qu’est-ce qu’il vient donc de se passer …. C’est merveilleux, on est trop heureuses. On s’installe et la nuit sera douce. Rose dort et moi évidemment pas. Je ne peux que la regarder et vérifier que tout va bien. Décidément qu’est-ce qu’elle est belle. L’infirmière, la même qui nous a suivi lors du début de travail, débarque et nous félicite. On trouve ça assez fou, pendant sa shift elle nous voit dans 3 états bien différents, et avec une personne de plus tout d’un coup. Ça doit être qqch de faire ce métier. La suite du séjour à la maternité sera super. On s’occupe bien de nous, tout le monde est adorable. Je trouve qu’on n’est pas trop dérangées. J’ai l’impression que c’est assez blindé à la maternité, ça nous arrange. Les jours qui suivent, moi qui craignait le baby blues, je suis plutôt super émotive de joie et de bonheur. Je veux tout revivre. Je veux pas que le temps passe. Je n’en reviens pas. Je repense beaucoup à l’accouchement, avec beaucoup d’émotions, de joie, de bonheur. Bref c’est la plus belle expérience de toute ma vie. Ce que je retiens aussi, c’est que le jour même après l’accouchement, je dis quand même à Lin, je referai pas ça demain, c’était génial, mais vraiment intense, pfiou, j’en suis encore fatiguée, et ça fait effectivement vraiment mal. Par contre, quelques jours plus tard, je n’ai plus aucun souvenir de la douleur, et je ne peux que me remémorer l’accouchement avec beaucoup de joie, de bonheur et de fierté. Je re signe direct. Et la prochaine je veux accoucher dans l’eau jusqu’au bout 😁 mais bon, je retiens ma leçon, on ne fait pas de plan sur la comète!!! ☝🏽 On verra bien ce que l’avenir nous réserve 😌 pour le moment, place au bonheur infini avec Lin et Rose 🥰🤍

Aurélia