Nahélé, Septembre 2024

Nahélé

 

Après une grossesse épanouie et en mouvement, je connais un 8ème mois compliqué. Des démangeaisons généralisées sur tout le corps, me réveillant la nuit, couplées à des nausées, m’incitent à consulter les services d’urgence d’une maternité parisienne, où je séjourne à cette période, loin de chez moi. Le 24 août, je reste de 9h à 21h30 aux urgences, à jeun, pour diverses analyses, en particulier du sang, de la bile et du foie. Le diagnostic d’un syndrome de fin de grossesse est confirmé : j’ai une cholestase gravidique, un dysfonctionnement du foie qui laisse échapper la bile dans le sang, au lieu de la déverser dans le système digestif. On veut m’hospitaliser d’urgence. J’insiste pour rentrer chez moi, quittant l’hôpital contre avis médical, et me fait hospitaliser dans ma ville, à la maternité où je prévois d’accoucher. On m’y garde 3 jours et ma situation semblant se stabiliser avec un traitement, on me laisse partir sous condition de surveillance deux fois par semaine à l’hôpital (analyses de sang et monitoring pour vérifier l’état de bébé). Les risques potentiels de ce syndrome (dont on ne connaît pas précisément la cause) sont une naissance prématurée ou une mort in utero. Pour la mère, les symptômes disparaissent après l’accouchement et l’état du foie revient progressivement à la normale. À peine une semaine après être sortie, la séance d’examens de contrôle à l’hôpital met en évidence des dernières analyses de la bile très élevées (les analyses de la bile sont apparemment complexes, peu de labos en France les pratiquent, cela prend donc 4 à 5 jours avant d’avoir les résultats…). On m’hospitalise de nouveau en urgence, au service des grossesses pathologiques. Nous sommes le 2 septembre. Je resterai à l’hôpital jusqu’à ma sortie de la maternité, le 20 septembre.  

Les différents gynécologues que je vois défiler de jour en jour m’expliquent que la cholestase de niveau élevé, comme je semble l’avoir, nécessite un déclenchement d’accouchement, entre la 34ème/ 35ème et au plus tard 37ème semaine d’aménorrhée. Je suis en cours de 36ème semaine. On voudrait d’abord me laisser deux jours avant le déclenchement, mais la stabilisation de mon état (avec une double dose de traitement) ainsi que la bonne vitalité de bébé au monitoring, m’ont permis de négocier d’attendre la 37ème semaine pour que bébé naisse à ses 8 mois révolus, soit à la fin de sa période de prématurité. On m’explique qu’un déclenchement peut durer 3 à 4 jours, avec la mise en place de protocoles différents pour faire maturer progressivement le col de l’utérus ; parfois il peut y avoir des « échecs de déclenchement », si mon corps ou bébé ne sont pas prêts, et cela peut conduire finalement à une césarienne… 

Je tombe des nues, je suis mise dans la case « grossesse pathologique », je suis exclue de la « filière physiologique » dans laquelle je m’étais inscrite et préparée pour ce premier accouchement, on me parle de déclenchement médical qui peut durer, voire même échouer… Enfin, qu’un déclenchement sans péridurale peut être difficile, et que le monitoring devra être maintenu très régulièrement pour surveiller bébé. 

Aussi, à part les démangeaisons parfois frénétiques et un manque de sommeil depuis le 24 août (je ne dors que 2 à 3 heures par nuit), je n’ai aucune douleur, je me sens bien, je peux pratiquer mes mouvements de Qi Gong et Yoga prénatal dans ma chambre d’hôpital, je vais marcher dans les couloirs de la maternité, je peux sauter sur un pied… Je sais aussi que bébé va bien. Je reçois donc d’autant plus douloureusement cette annonce de déclenchement d’accouchement. J’essaie de jour en jour d’avoir des précisions supplémentaires de la part des différents gynécologues qui passent me voir, et de les questionner sur la gravité, les risques réels de la cholestase, leur suggérant une attente prolongée au-delà des 37 semaines, si moi et bébé vont bien. Mais « ce ne serait éthiquement pas pensable », me dit l’une des gynécologues, « avec la cholestase il a été fixé par la pratique un déclenchement au plus tard à la 37ème semaine, on ne peut pas essayer de repousser pour voir ce qui pourrait se passer après 37 semaines… ».

Je sens que j’aurais eu besoin d’un dernier mois de grossesse pour me préparer… peut-être qu’on ne se sent jamais assez prête pour une première fois… 

Après plusieurs jours je finis par accepter cette situation, me disant que si ma tête reste contre, mon corps ne sera jamais prêt et je pourrais risquer une césarienne. Il me faut au contraire être actrice de mon propre déclenchement sans attendre un protocole médical. Je parle beaucoup à bébé. Je lui dis qu’on est bousculés tous les deux, que la Vie nous propulse plus vite que prévu dans cette naissance (sur Terre et être Mère), qu’on va traverser le chemin ensemble. Que ce chemin reste joyeux à vivre. Que la naissance est d’abord un rituel de joie et d’amour à vivre. Que Papa aussi, qui court tous les jours entre son travail, la finalisation des affaires à la maison et les visites à l’hôpital, est bousculé aussi. Je sais que bébé comprend. Je sais qu’il est d’accord pour arriver plus tôt que prévu. Il est même curieux de découvrir les mouvements et les sons qu’il ressent de l’intérieur… 

Durant la petite dizaine de jours qui me reste à l’hôpital, avant la date du déclenchement, je reste positive et je rassemble toutes les connaissances à ma portée pour tenter de dilater mon col naturellement et stimuler les contractions de l’utérus : visualisation tous les soirs au coucher de l’ouverture lumineuse du col pratiquée en yoga maternité et du passage de bébé, homéopathie, automassage de quelques points de méridiens de Médecine Traditionnelle Chinoise (j’ai pu bénéficier aussi d’une séance d’acupuncture avec une sage-femme de l’hôpital compétente), haptonomie lors des visites de mon mari pour me/nous détendre de manière globale, tisane de framboisier, dattes, jus d’ananas, sans oublier les mouvements réguliers avec ballon, ou tapis (notamment d’ouverture de la sacro-iliaque), et les marches dans les couloirs de l’hôpital pour être aidée par la gravité. J’obtiens aussi à plusieurs reprises des « autorisations de sortie » de quelques heures avec mon mari, pour m’oxygéner et danser dans un parc, ou aller en ville manger une glace. 

Je reste consciente que la dilatation spontanée à ce terme de la grossesse, et en si peu de temps, sera difficile à atteindre, mais j’ai besoin de me sentir engagée activement dans le processus pour préparer mon corps et ma tête à l’événement. Durant cette période, je pense très fort à mes familles de pratique (Qi Gong, Voix, anatomie expérientielle) et au Yoga Maternité Naissance, à Martine et toutes les filles rencontrées durant les formations, convaincue qu’il y a une autre vision de voir les choses que celle qu’on me présente, et confiante dans les ressources que j’ai acquises ces dernières années dans ces pratiques. Confiante en la Vie et en mon Corps. 

J’essaie de voir le côté positif des choses : ce long séjour en hôpital avant l’accouchement me permet de me familiariser au cadre de la maternité, son fonctionnement, les personnes, les salles, l’atmosphère, jusqu’à ce qu’est un monitoring répété, sa lecture et son ressenti (comme la longueur des câbles pour imaginer rester debout le jour J…). Je me prépare à ce que chaque contrainte qui pourrait arriver durant le travail (les monitorings plus fréquents que pour un accouchement physiologique, sangles permanentes autour du ventre, peu d’espace pour bouger etc.) soit comme une contrainte de répétition d’un spectacle, où le metteur en scène a besoin de tel accessoire ou de telle scénographie, ce qui ne doit pas m’empêcher de vivre pleinement l’instant, en totale présence. J’imagine à l’avance les sangles du monitoring comme un costume de scène, ou un costume de cosmonaute qui en a besoin pour aller dans l’infiniment grand… Il faudra accueillir et « faire avec » toutes les contraintes qui arrivent.

Le déclenchement se déroule jeudi 12 septembre. Le matin une sage-femme m’ausculte le col et le trouve raccourci, assez souple et ouvert à plus d’1 cm, ce qui est plutôt encourageant ! Je rassemble mes affaires pour déménager du service des pathologies au service des naissances, dans une chambre de pré-travail. On me donne assez vite en fin de matinée un premier comprimé de prostaglandine, une hormone pour faire maturer et dilater le col. Je devrais ensuite en prendre un toutes les deux heures et on pourra aller jusqu’à 8 comprimés en 24h. Je dois faire un monitoring de 30 min après chaque prise d’un comprimé pour vérifier que bébé supporte bien le médicament et les premières contractions de l’utérus. Le premier monitoring dure 3h pour faire le point sur le début du protocole. On me place aussi un cathéter au bras. J’insiste pour qu’il ne soit placé ni à l’articulation du poignet, ni à celle du coude, pour pouvoir prendre appui dans les positions de mon choix le moment venu lors des contractions.

En milieu d’après-midi, j’en suis au 3ème comprimé, mon mari vient me voir et nous allons marcher comme à notre habitude dans le long couloir principal de l’hôpital. Sur le retour, en l’accompagnant à l’ascenseur pour qu’il quitte les lieux, je sens que mon ventre pèse. Je rentre dans ma chambre, fais des mouvements à plat dos sur le tapis et cette sensation est toujours là. Je me lève, j’ai comme un vertige qui se transforme en nausée subite, puis en allant aux toilettes je constate des pertes de sang vaginal. J’ai l’impression de diverses apparitions symptomatiques en même temps. À l’arrivée de la sage-femme pour le comprimé suivant et le monitoring, je lui partage ces signes en disant que quelque chose se passe. Elle me dit que c’est bien, que c’est le col qui travaille. Je suis réticente à prendre un autre comprimé puisque mon corps semble réagir et prendre ainsi le relais, mais elle insiste en expliquant qu’il faut attendre une bonne activité contractile de l’utérus. Après ce 4ème comprimé vers 16h30, je demande à aller prendre un bain chaud. Peu après le bain, une sensation aiguë et continue se déclenche au niveau du périnée, vers l’arrière, dans la zone anale. Vers 18h30, la sage-femme revient. Je lui parle de ma sensation vive, qui ne s’apparente pas à une vague de contraction car elle ne redescend pas… Je lui dis qu’il faut arrêter le comprimé. Elle reste avec moi pour vérifier l’activité de l’utérus au monitoring et constate des pics continus de contractions. Elle me dit qu’elle doit partir pour la relève de garde de fin de journée, que si elle ne revient pas c’est qu’on arrête le comprimé. Je demande à rester debout pendant le monitoring pour pouvoir rester en mouvement et gérer cette sensation. Je n’ai pas beaucoup d’espace mais debout juste à côté du lit, je fais des 8 infinis avec le bassin de manière continue. Les capteurs bougent un peu, je les replace tant bien que mal, ils rebougent et on perd l’activité cardiaque du bébé. Personne ne vient malgré le signal du monitoring. Le personnel doit être en relève de garde. Après plus d’une demi-heure une sage-femme arrive, elle m’explique qu’il faut refaire le monitoring car on a perdu le signal du bébé et qu’il a l’air de ne pas supporter les contractions et donc le comprimé. Elle m’oblige à m’allonger pour être sûre que les capteurs ne bougent pas afin d’avoir une meilleure évaluation. Elle me dit qu’il faut se préparer à une péridurale pour partir en césarienne si bébé ne supporte effectivement pas la situation. Puis elle sort précipitamment, presque en panique. Je serre les dents, la colère monte en moi à l’issue de ses propos mais je ne dis rien, il ne faut pas laisser partir le mental dans des extravagances extérieures. Je sais profondément que bébé va bien et supporte les contractions, je viens de passer presque deux semaines à 3 monitorings par jour et il a toujours été en pleine vitalité. Allongée sur le côté, quasi immobile, je me concentre sur la respiration de la vague, en la visualisant bien large et me laissant parcourir de micromouvements, dans les pieds, la colonne et la tête. Mon mari arrive pour me rendre visite, il doit être autour de 20h. Il voit tout de suite que quelque chose se passe et s’assoit près de moi. Je lui dis à demi-mots que le travail a commencé. Au bout de 40 min je sonne à plusieurs reprises l’alarme pour qu’on vienne arrêter ce monitoring car je n’en peux plus, j’ai vraiment besoin de bouger pour gérer les sensations. Une nouvelle sage-femme entre, me délivre, tout en disant que bébé va très bien et supporte bien les contractions ! Elle laisse entendre qu’il y a plusieurs accouchements en cours et qu’elle n’est pas sûre de s’occuper de moi ; que je peux me mettre en mouvement, prendre une douche, et prévenir en cas d’envie forte d’aller à la selle ou de perte des eaux. Avant qu’elle ne parte, je lui fais comprendre que je ne veux pas être suivie par la précédente sage-femme. Je ne le sais pas encore à ce moment-là mais c’est elle qui reviendra m’accompagner, elle s’appelle Clémence. Il n’y aura pas de péridurale.

Je connais donc un long temps seule en salle de travail avec mon mari. Nous reprenons des positions de détente avec mon ballon vues en haptonomie et en yoga maternité, il met des morceaux de musique, j’alterne régulièrement les positions tout en vocalisant mes intentions et directions de mouvements, jusqu’au bout du souffle. La vibration de la voix m’aide à être ailleurs et me détend. Seule la voix permet de me sentir en un instant dans la joie (ocytocine nécessaire aux contractions), en alignement, en force, en laisser-faire ce qui arrive… Je détends aussi ma bouche par de larges mouvements d’ouverture et de mastication dans le vide, en étirant la langue, en laissant le cou bouger librement. Ce qui me fait parfois partir la tête en arrière, cambrer le dos et orienter le regard vers le ciel où je m’inonde quelques secondes dans l’infini. Je me masse régulièrement le périnée et autour de l’anus où les sensations aiguës se concentrent. Je demande très souvent à mon mari un verre d’eau pour me désaltérer. 

La sage-femme Clémence repasse un peu plus tard, me trouve en mouvement et en voix et m’encourage spontanément : « C’est très bien ce que vous faîtes. Vous travaillez très bien. C’est ça, continuez à bien respirer ». Elle me dit qu’on doit refaire un monitoring mais que je peux rester debout tout en tenant les capteurs, ou me faire aider par mon mari. Je sens qu’elle me laisse une marge de manœuvre, ce qui me réconforte. Après le monitoring, j’ai besoin de prendre une douche chaude pour décompresser. La sensation aiguë et continue est toujours localisée au même endroit. Je suis surprise qu’elle ne circule pas dans le corps et surtout qu’elle s’approche d’une envie d’aller à la selle que je pensais être une sensation de fin de travail. Il me semble quand même percevoir un début de redescente, c’est-à-dire un début de vague, peut-être qu’après quelques heures, les comprimés arrêtent d’agir. 

Je reste en mouvement et en voix en continu : mouvement infini avec le bassin, étirement de la colonne (intention d’aller vers le haut, et laisser bébé aller vers le bas), bascule du buste en appui sur le lit… Un peu plus tard, une deuxième venue de Clémence aura lieu pour lancer un monitoring et voir comment je vais. À son issue je reprends une seconde douche chaude. L’intensité monte. Accroupie sous la douche, je fais des micros 8 du bassin, la voix toujours très présente. Mon mari jette des coups d’œil à travers la porte de la salle de douche. Je sens que mes nuances vocales changent en profondeur, quelque chose se passe à l’intérieur, une ouverture. Je ressens aussi une envie forte d’aller à la selle. Je sors de la douche et demande à mon mari d’appeler la sage-femme. Clémence arrive assez vite, elle examine mon col : je suis dilatée à 9 cm. Elle me dit qu’il va falloir aller en salle des naissances. Il doit être plus de 00h. Clémence propose d’apporter un tapis. C’est une sorte de matelas épais/tatami souple. Pour la suite du travail je suis obligée de garder le monitoring branché en permanence mais je peux rester debout et en mouvement, Clémence tient les capteurs et les replace au besoin en me laissant libre de mes positions. Assez vite, encore debout, une sorte de petit ballon de baudruche plein d’eau tombe entre mes jambes et s’éclate au sol me faisant sursauter. « Ce n’est rien, c’est la poche des eaux ! », s’exclame Clémence. « C’est ce qu’on attendait ! ». Je continue à varier mes positions, je m’accroupie, passe à 4 pattes, appuie mon front sur le rebord du lit… Clémence m’encourage par mon prénom cette fois : « Véronique, vous faîtes du bon travail, continuez ! Essayez les sons graves. Quand il y a du répit reposez-vous pour ne pas dépenser toute votre énergie car l’intensité va monter… ». Cela dure un peu, je patauge dans le choix des positions qui ne me semblent pas faire avancer le processus. J’essaie de visualiser la descente de bébé mais comme mes sensations restent toujours localisées au niveau de l’anus j’ai du mal à savoir où bébé se trouve exactement. Clémence me propose de m’allonger sur le côté sur le tapis, puis à plat dos. Je suis réticente au plat dos (car la gravité aura moins d’effets), je demande que mon sacrum soit relevé et mon bassin mobile. Elle me propose alors de poser un pied sur son épaule, et mon mari prend spontanément le second pied, car ils sont tous deux agenouillés sur le tapis. 

Les dernières et intenses 20 minutes vont se passer dans cette position et Clémence me demandera assez vite de pousser avec différentes indications à chaque fois. Je suis ses indications tout en maintenant mes vocalises, ma voix comme alliée. Sur les dernières poussées, le passage du « cercle de feu », mon mari m’encourage : « Véronique, on voit la tête du bébé ! Je vois ses cheveux ! Il est tout proche ! ». Mais j’ai l’impression de ne pas y arriver. Je dois attendre la prochaine vague pour tout donner de nouveau. Et cela fait déjà deux ou trois vagues qui passent… Mes sons deviennent cris. Ça brûle. Une auxiliaire puéricultrice, que je n’ai pas entendue rentrer, et qui a dû m’octroyer l’ocytocine de synthèse, se penche près de moi : « C’est vraiment bien ce que vous faîtes madame ! Vous voulez une compresse d’eau ? ». L’eau vient atténuer le feu et les deux dernières poussées, de la tête puis des épaules, me permettent de sentir bébé glisser d’un coup. Je le reçois sur moi. 

Nous sommes vendredi 13 septembre, il est 2h06. Nahélé vient au monde. 

Je crois que je ne réalise pas encore très bien à ce moment-là. Tout s’enchaîne assez vite. La sage-femme coupe le cordon, on m’aide à m’installer sur le lit de la chambre et on emporte assez vite bébé pour des examens. Une dizaine de personnes déboule dans la chambre : le placenta n’est pas sorti, je commence une hémorragie. Je reçois une rachianesthésie pour que le placenta soit retiré manuellement. Je suis consciente mais déjà bien ailleurs. Puisque bébé est sorti par voie basse sans instruments, ni péridurale, peu m’importe ce qui arrive à présent. On me dit de respirer « l’air de la montagne » ... Je cherche les traces olfactives de pins ou de mousse de la forêt… ce n’est en fait que de l’oxygène dans un masque pour m’aider si besoin.

L’opération n’est pas très longue (on en profite pour me recoudre une petite déchirure superficielle du périnée, dont les points partiront seuls) et on me ramène le petit qui va bien. Nous resterons dans cette chambre de naissance jusqu’au petit matin, tous les trois, le temps que je récupère l’usage de mes jambes, avant de nous installer dans une chambre de séjour, où l’on restera jusqu’au 20 septembre (soit une semaine supplémentaire à l’hôpital pour moi…). L’allaitement est compliqué à mettre en place. Je cherche d’autres manières de nourrir mon bébé, directement de moi à lui. Je fais beaucoup de peau à peau et je chante - notamment des « OM » - pour l’envelopper dans un halo vibratoire. Chaque jour, je suis émue et admirative de la force de ce petit être pour arriver et s’adapter à la vie sur Terre. 

Gratitude à Martine pour son accueil lors des formations de Yoga Maternité Naissance et son accompagnement avec des outils précieux. Pensées à toutes les stagiaires de la formation rencontrées pour nos riches échanges. Mes remerciements à l’Ashram de Gretz pour son cadre spirituel soutenant. 

Véronique